1981 : Miracle ou aboutissement mérité ?

Temps de lecture : 4 mn.

Quels évènements notables, cette année là pour l’histoire politique de l’EPS ?
Par décret du 28 mai 1981 paru au J.O. du 29, l’EPS est transférée du MJS à l’Education nationale et la création d’un « Service de l’EPS » est décidé.
Le 16 juin 1981, après un temps d’hésitation, le ministre annonce le rétablissement le forfait de 3 h pour l’AS.
3 000 postes sont prévus en 2 ans, un plan de titularisation d’auxiliaires, l’arrêt du recrutement des professeurs adjoints, une agrégation, le maintien des STAPS de Nice et d’Orsay auparavant menacés, un département EPS à l’INRP. Une nouvelle loi est annoncée pour remplacer la loi Mazeaud.


Quelles sont les causes immédiates et lointaines de ces importantes mesures ?
Bien sur, la victoire, le 10 mai 1981, du candidat de la gauche, François Mitterand à l’élection présidentielle a été une condition nécessaire mais elle n’aurait pas été suffisante sans les interventions et l’influence acquise
par le SNEP.
Revenons à 1978, (cf. chronique précédente) et à l’année de luttes intenses contre le plan Soisson qui a permis de populariser la cause de l’EPS.
Malgré l’échec revendicatif, la profession n’est nullement abattue et le syndicat n’est pas cassé ; il participe fin 79 à des actions enfin unitaires dans le secteur éducation. II édite une plaquette remarquée pour l’EPS. II rassemble 79% des suffrages aux élections professionnelles de mars 1981. Les initiatives de résistance pour le sport scolaire vont continuer à se développer en 79-80 et 80?81 avec la réussite en région parisienne, le 22 octobre 1980 avec 12 000 jeunes, d’un cross revendicatif pourtant annulé par le ministère ! II y aura aussi la longue grève avec occupation du STAPS de Nice contre une menace de fermeture qui entraîne un large mouvement dans les UFR. Enfin, le 6 mars, une forte grève des enseignants d’EPS, assortie de diverses animations, sera réussie à l’appel du seul SNEP. Enfin sur un autre plan, il faut savoir que le SNEP avait élaboré puis publié (bulletin de septembre 1977) un programme complet pour l’EPS et qu’il avait fait le nécessaire pour le faire prendre en compte par les partis de la gauche dans la perspective d’ un éventuel programme de la gauche unie, union qu’il estimait indispensable.
Donc, en mai 81, le SNEP est prêt. Après le premier tour des présidentielles du 26 avril il appelle à voter Mitterand le 10 mai tout en appelant à intervenir pour les revendications du SNEP qu’il rappelle par lettre au candidat. Celui ci répond le 6 mai qu’il va s’engager publiquement, ce qui se fera dans une interview à l’Equipe du même jour avec des réponses dont le contenu nous avait été soumis préalablement. Dès le 11 mai, au lendemain de la victoire, nous intervenons par lettre pour l’intégration car elle se joue immédiatement avant même la composition du gouvernement. Le 18 mai, nous sommes reçus à « l’antenne présidentielle » par Bérégovoy et Glavany qui vont bien mesurer les attentes de la profession et à qui nous remettons une note détaillée. Plusieurs autres contacts suivront ; le 28 mai, le rattachement est acquis, y compris le sport scolaire et universitaire, malgré les fortes résistances présentes dans la mouvance « JS » socialiste.

Le 11 juin, première rencontre avec Alain Savary, le nouveau ministre, avec remise, dans une ambiance conviviale, d’un mémorandum complet et de la photo de famille de la profession, le poster du 13 octobre 78, ce qui introduisait bien un débat très serré sur le forfait AS et sur les postes à créer. Soulignons à cette occasion que nous avons pu mener des négociations constructives, avant cette audience et ensuite de façon régulière pour réussir l’intégration, avec Daniel Perrault, jeune collègue compétent nommé conseiller technique et hélas disparu il y a peu de temps. Citons aussi le rôle positif de M. Pagès, premier chef du « Service EPS », et celui de Roger Delaubert, Inspecteur général chargé du délicat transfert MJS/EN.
En octobre le SNEP relancera la dynamique pédagogique en organisant un colloque avec 400 participants sur le thème « EPS et réussite de tous ».

Au total 1981 a ouvert une nouvelle phase de notre histoire avec beaucoup d’élans généreux : un plan de recrutement de 1 500 postes par an présenté au parlement, un rapport Legrand sur les collèges retenant les 5 h d’EPS. Il faudra cependant attendre le 16/07/84 pour la parution de la loi « Avice » contenant cet excellent article 2 que nous avions proposé et qui est toujours présent dans la loi actuelle : « l’EPS et le sport scolaire contribuent à la rénovation du système éducatif et à la réduction des inégalités sociales et culturelles ».
L’EPS avait mangé son pain blanc !… La suite le montrera.