Le béret-rugby : un jeu enfantin évolutif pour baliser l’apprentissage

Le jeu du béret est un jeu connu des enfants et des éducateurs. On le trouve souvent dans les fichiers de jeux, mais il constitue souvent une étape très brève dans l’apprentissage du jeu de rugby. Pour André Roux, s’il est exploité dans toutes ses possibilités, il peut représenter une longue période, permettant la construction de l’appropriation du ballon et du but du jeu, puis celle de l’adversaire et du partenaire. L’enseignant-e peut jouer sur la constitution des groupes en faisant des paires équilibrées.

Un jeu gagne-terrain en un contre un

-160.png

Remarque : un espace étroit favorise l’affrontement corporel, un espace large favoriser les courses d’évitement

Un terrain 15m sur 10m environ. Un camp de chaque côté. 2 équipes de 5 à 6 joueurs. Une 3è équipe organise (juge, arbitre, tenue de tableau). Les enfants ont un numéro et sont appareillés par paires équilibrées (égalité athlétique). Chaque numéro a une place précise le long du terrain de façon à avoir le même chemin à faire que son adversaire direct. A l’appel de leur numéro, les deux enfants courent pour entrer sur le terrain, un des deux ramasse le ballon et va le porter dans l’en-but. Chaque ballon aplati dans l’en-but vaut 1 point (essai). On compte les points de l’équipe.

Quelles règles pour commencer ?

Tout ce qui n’est pas interdit est autorisé. Toute infraction à la règle a pour sanction la remise immédiate du ballon à l’équipe adverse. Si la faute est grave et volontaire : exclusion temporaire du fautif.

Il s’agit avant tout de veiller à la préservation de l’intégrité physique des joueurs, et la continuité du jeu qui suppose la liberté permanente de la balle

  • Le porteur de balle a le droit de jouer au pied, à la main avec une totale liberté d’action pour avancer vers le but.
  • Le défenseur a le droit d’agripper le porteur pour récupérer le ballon (PAS PLUS HAUT que la ceinture) et arrêter son avancée vers le but.
  • Si le joueur est immobilisé, il doit lâcher le ballon. C’est le tenu debout.
  • Si le joueur est au sol (dès qu’il n’est plus sur ses deux pieds), il doit IMMEDIATEMENT lâcher le ballon.

Un petit rien qui change tout : au départ, le ballon n’est pas au milieu

Cette variable est très importante. Pour qu’il y ait égalité des chances, une fois sur deux le ballon est près de l’entrée de son propre camp, la fois suivante, du côté de l’autre camp. Premier avantage : les enfants ne risquent pas de se tamponner. Deuxième avantage : le porteur de balle va apprendre à ramasser le ballon tout en courant. Au début, il s’arrête pour ramasser. Progressivement, par adaptation, il aura le temps de regarder son adversaire. Au fur et à mesure, le ballon sera posé plus près du milieu du terrain. Plus il est près, plus la pression de l’adversaire devient grande et plus la course doit absorber le ramassé.

Pour faciliter ou compliquer, on peut jouer sur le mode de prises : si le ballon est présenté à hauteur de main, le ramasseur n’a pas besoin de se baisser, c’est plus facile. Si le ballon est lancé, le porteur de balle ne perd pas de vitesse et c’est plus difficile pour le défenseur de l’arrêter.

Le béret avec plusieurs numéros appelés en décalé

Quand tous les enfants, surtout les plus timorés, ont appris à s’approprier le ballon, à avancer vers leur but (sans se tromper de sens !), à ceinturer, à accepter d’être ceinturer, à respecter les règles, le jeu peu se complexifier en appelant plusieurs numéros. Mais là aussi, une chose est importante, il faut appeler les numéros en décalé. Pour permettre une plus grande lisibilité du jeu et entrer dans des choix tactiques :

Pour le porteur de balle, soit je réussis à éviter et je vais droit au but ; sinon, je conserve la balle de telle manière qu’elle soit utilisable, ou bien je pousse la défense et mon partenaire m’aide à pousser ; ou bien je lui donne le ballon ou lui passe. Décider de faire une passe est difficile parce qu’il faut accepter d’être frustré (de donner le ballon) ou risquer de le perdre (rater la passe) . Au début, dès l’enfant lâche le ballon dès qu’il a peur. Le porteur de ballon doit comprendre qu’il faut se tourner pour protéger son ballon et voir ses partenaires.

La façon d’appeler les numéros est importante : si j’appelle d’abord un « timoré » puis une « fonceuse », je n’aurais pas les mêmes réponses que si je fais l’inverse ! Suivant les cas, les enfants vont apprendre à jouer groupé ballon porté, dans un autre, ils vont apprendre un jeu de passes, déployé. Il faudra alors jouer sur la taille du terrain (plus grand : 12-15m x 20-25m).
-161.png