Les JOP contribuent-ils au développement des installations sportives en Seine St Denis ?

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Confondant aisément son rôle de président et de candidat, É. Macron s’est déplacé en Seine Saint Denis, ne tarissant pas d’éloges sur les bienfaits du sport et donc de sa volonté de faire de ce département, par ailleurs hôte en partie des JOP de 2024, un lieu de pratique sportive pour toutes et tous.

Nous avons donc rencontré Jonathan Alves, responsable départemental du SNEP-FSU, pour connaître davantage la réalité de l’état des lieux et des effets potentiels des annonces du président.


Il faut savoir que le département 93 est le 105ème département de France en matière d’équipements sportifs, soit 16,2 équipements pour 10 000 habitant·es, pour une moyenne de 49,6 au niveau national. Et si l’on prend le cas de la pratique de la natation, il y a 0,45 bassin nautique toujours pour 10 000 habitant·es, soit la moitié moins que la moyenne nationale. Nous vivons ici un retard historique qui exige des investissements très importants si l’intention est d’offrir à la population des conditions d’accès et de pratiques susceptibles de déboucher sur un vrai changement quantitatif et qualitatif du nombre et de la diversité des pratiquant·es.

Il faut dire aussi que, dans le département le taux de licencié·es est le plus faible de France et que la baisse de la pratique sportive qui affecte la jeunesse actuellement, comme noté dans les dernières enquêtes, concerne plus gravement les jeunes filles des milieux populaires.

Au lieu de répondre à ces enjeux, le président arrive en sauveur avec un chapelet de petits équipements, type city stades, terrains de 3X3, bassins temporaires de natation, davantage réservés à une pratique volontaire et spontanée, non encadrée et non prévue pour des grands groupes, type classes d’EPS ou clubs locaux. Comme si par magie, une population peu engagée dans la pratique sportive allait spontanément se mettre à fréquenter assidûment des lieux où il faut tout faire par soi-même. Chacun·e sait la difficulté à donner le goût de la pratique aux jeunes adolescent·es et plus encore à les fidéliser durablement (cf la même enquête).

Par ailleurs l’investissement financier de 6 milliards annoncé pour le COJO avec de faibles retombées départementales, n’aura que très peu d’incidence sur un parc départemental déficient d’autant que l’existant a plus de 40 ans d’âge.
Il y a pourtant un consensus global des élu·es du département, du monde associatif et des professeur·es d’EPS en Seine-Saint-Denis sur la nécessité d’un investissement à la hauteur pour la construction et la rénovation d’installations sportives pour un véritable service public d’éducation et du sport.

Pourtant les annonces présidentielles au moment de l’attribution des JOP à Paris laissaient entendre une préparation et un héritage faisant de la France une grande nation sportive !

Dès la création du comité de veille et de suivi dont le SNEP-FSU est partie prenante, il a été question de l’héritage laissé par les JOP dans le 93. Sans préjuger de ce qui va se passer d’ici 2024, on peut dire qu’aujourd’hui il restera des piscines temporaires que vont se disputer les élu·es locaux, un centre nautique à Saint-Denis, un stand de tir, le village des médias dont on connaît mal le destin ultérieur, le tout concentré essentiellement dans 2 à 3 villes du nord du département.

Concernant l’implication de la population, on nous demande de formuler des projets dans les établissements scolaires sans moyens supplémentaires, il y aura sans doute des places prioritaires pour le 93 sans que l’on en connaisse le volume.

En attendant, un collectif de défense et de promotion de l’EPS, du sport scolaire et du sport associatif pour des installations sportives dans le 93 s’est constitué avec un appel à l’utilisation des milliards annoncés pour la rénovation et la construction d’installations.

Enseignant·es d’EPS, sportifs et sportives de haut niveaux, élu·es sont sollicités en vue d’initiatives pour aboutir à une réorientation et augmentation des moyens annoncés.