Sport et handicap psychique : penser le sport autrement, Isabelle Caby & Roy Compte (sous la dir.), Ed. Champ social, 2017

Temps de lecture : 3 mn.

L’originalité de l’ouvrage est de traiter le sujet de la pratique des activités physiques, sportives et artistiques (APSA) d’une population en marge, y compris dans le champ du handicap. Il s’agit de personnes présentant des troubles psychiques, dont certains peuvent être très sévères, tels les troubles psychotiques, dont la schizophrénie. D’un point de vue sportif, elles ne sont guère évoquées, et encore moins données à voir, dans les médias invitant à repenser les actions et les dispositifs en adéquation avec les caractéristiques de ce public singulier, ce livre présente des témoignages, analyses et recherches. Il y est notamment question, à propos d’arts martiaux, du partenariat entre un service de santé mentale de territoire et la Fédération française du sport adapté, très engagée envers cette population trop souvent négligée et discriminée ; d’intervention en direction de personnes avec des troubles psychiques à risque suicidaire ; de l’importance des APSA pour des adolescents accueillis en centre hospitalier et en établissements spécialisé ; d’actions de prévention menées par la ligue de Sport adapté du Nord-Pas-de-Calais ; de danse et d’activités artistiques dans un projet de soin en santé mentale ; de séances de danse dont les photos sont prises et mobilisées dans une perspective thérapeutique en psychiatrie ; d’une étude d’impact de la pratique d’activités physiques adaptées, dans un établissement médico-social, sur la santé de personnes présentant des troubles psychotiques ; du point de vue des personnes pratiquant des APSA au sein de Pôles de psychiatrie générale ; du témoignage d’Aline, championne de France de judo en Sport adapté et membre du comité départemental du Sport adapté ; de la pratique de l’escalade en Centre hospitalier et de la difficulté de poursuivre ce sport en club ordinaire ; d’une intégration réussie en tennis de table et du pongiste Pascal Pereira-Leal, champion du monde en Sport adapté et médaillé de bronze aux jeux paralympiques de Londres, après plusieurs années de traitement en hôpital psychiatrique pour des troubles schizophréniques ; d’Arthur, champion du département des Yvelines en athlétisme valide, mais dont les troubles schizophréniques posent finalement trop de problèmes en milieu ordinaire.
Au final, on soulignera quatre éléments de réflexion, parmi d’autres, qui se dégagent de la lecture de cet ouvrage. En premier lieu, la place importante accordée aux activités physiques artistiques, qui ne relèvent pas du sport, à proprement parler ; ensuite, le rapport entre sport et santé, qui fait écho aux dualités éducatif/thérapeutique et loisirs/soins ; par ailleurs, une attention à valoriser une activité « pratiquée en groupe, et signifiante en tant que pratique sociale que l’on partage avec autrui », à rebours d’une conception aculturelle et individualiste ; enfin, les limites d’une inclusion entendue comme une présence en milieu ordinaire forcément plus bénéfique qu’en milieu spécialisé, alors que certaines personnes avec des troubles psychiques peuvent y être en souffrance, et trouver dans un contexte protégé, comme Aline, matière à se développer au mieux et des opportunités de participation sociale.

Roy Compte nous a quittés peu après cette dernière publication. Docteur en sociologie, vice-président de la Fédération française du sport adapté, où il dirigeait sa commission recherche, il contribua à des évènements organisés par le Snep comme au numéro de Contrepied sur le handicap, et il intervint en Palestine pour des actions de formation avec la FSGT.