Une discipline sans contenu spécifique est une discipline qui se meurt

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Notre discipline est plébiscitée tant par les élèves que par les parents et l’aventure motrice sans cesse renouvelée, proposée dans les établissements scolaires à travers l’épreuve, la performance ou la compétition émeut et construit physiquement les collégiens et lycéens.


C’est tantôt le potentiel athlétique, le potentiel esthétique, le déséquilibre provoqué seul ou à plusieurs , la stratégie, la tactique, l’adresse qui est sollicité puis transformé.
Toutes ces habilités spécifiques sont autant d’expériences complexes à vivre, moteur d’une réelle appropriation critique des APSA.
Sans expériences motrices durables point de transformation et sans transformation, c’est le droit à la réussite qui est malmené. Sans réussite, c’est la démocratisation, accès à une culture commune, qui est ignorée.
C’est donc bien la place de la culture qui est posée alors même que le savoir utile (la compétence) tend à supplanter le savoir tout court.

Nous croyons que les disciplines scolaires doivent rester les vecteurs de la culture, instrument indispensable à la compréhension du monde non pour le plagier mais bien pour aiguiser notre sens critique.

Alors, oui, loin de nous l’idée d’un formalisme rhétorique et d’un pédagogiquement correct qui n’embrayent pas sur la réalité de la classe.
Alors, oui, loin de nous aussi l’idée d’un savoir scolaire animé par des compétences transversales qui éloigne notre discipline de sa spécificité, comme nous l’y incite le socle commun.

Nous croyons que notre discipline, nos élèves et les enseignants d’EPS valent mieux cela.

Pour autant, nous ne mésestimons pas l’importance de méthodes et attitudes, bien au contraire, mais nous croyons que les conditions de leur plein développement c’est leurs ancrages sur l’apprentissage de rôles inhérents aux APSA enseignées y compris celui de joueur, athlète, nageur, gymnaste ou danseur.
La visibilité de notre discipline en sera ainsi renforcée. Manager, observer, juger, entrainer…bien sur mais aussi faire les bons choix techniques, tactiques, esthétiques dans son rapport à l’autre (l’adversaire, le partenaire, le juge, le spectateur) sont signes d’autonomie, d’initiative, de sensibilité, d’esprit critique, de respect mutuel et d’acceptation de l’autre dans toutes ses différences. (cf:socle commun, libellés des compétences 6 et 7)

Nous ne mésestimons pas non plus, l’importance d’un travail interdisciplinaire mais nous croyons qu’il ne prend sens que si les savoirs disciplinaires sont maitrisés. Nous rejoignons en cela les propos de J.P Astolfi lorsqu’il écrivait que «Ne pas s’enfermer dans la discipline est une chose, éviter d’y pénétrer en est une autre» Nous pourrions rajouter aussi qu’une discipline sans contenu spécifique est une discipline qui se meurt.