Sport collectifs au cycle 2 – Cible et partenaire

Au basket-ball ou au handball, pour un élève de CP, construire la notion de cible et de partenaire n’est pas évident. Quelles questions les élèves doivent-ils se poser ?


Le module de basket-ball dure une douzaine de séances. Les 3 premières séances (a minima) ont été consacrées à la compréhension du jeu et au respect du règlement. Ce n’est dans que dans une deuxième étape, lorsque les élèves s’engagent bien dans l’action, qu’ils ont été amenés à se poser à se poser des questions sur leur façon de faire.

L’organisation globale est la suivante. Les élèves font des matches 3 contre 3 (une demie-classe à la fois). L’autre demie-classe s’entraîne à tirer au panier. L’enjeu est que tous les élèves se sentent capables de marquer, condition indispensable pour avoir sa place dans le jeu.

Le jeu de référence est un 3 contre 3, avec une cible de basket (cible mobile pas trop haute). Pour favoriser la centration sur la cible (et non la centration sur le ballon), les élèves ont le droit de courir avec la balle à condition de la taper une fois par terre (dribble très simplifié).

Constats de départ

La traversée du terrain se faisant assez facilement, je me suis centrée sur deux problèmes que les élèves ont rencontré près de la cible :

Le porteur de balle (PB) : certains avancent avec le ballon puis arrivés près de la cible, le garde longtemps dans les mains sans pouvoir atteindre la cible. D’autres s’approchent de la cible, mais tirent alors qu’ils sont gênés. Tous doivent donc apprendre à s’approcher de la cible pour tirer dans les meilleures conditions de réussite.

Le partenaire du porteur de balle (PPB), près de la cible : certains sont en attente assez loin (ils n’ont pas encore l’intention d’aider le PB), d’autres gênent le PB, d’autres tendent les bras en attente de la balle mais ne savent pas où se placer. Tous doivent donc apprendre où et comment se placer pour aider le PB.

Prise de conscience du problème par les élèves

Pour que les élèves puissent progresser, il faut d’abord qu’ils identifient le problème, sinon, ils risquent de se retrouver devant des exercices qui n’auront aucun sens pour eux (2). Pour apprendre, il faut être d’abord conscient de ses limites. Je les confronte donc à des critères de réussite précis.

Situation 1 : Porteur de balle :

L’élève doit tirer 10 paniers, il compte ses réussites. Ensuite, il recommence, mais avec un défenseur qui le gêne. Il compte ses réussites. Résultat (exemple) : Julien : tout seul face au panier réussit 6 tirs. Avec un défenseur devant lui, il marque 3 paniers. Cette comparaison permet de poser le problème : « Tout seul, je réussis à marquer, avec un défenseur, je ne marque pas ».

Situation 2 : aider le porteur de balle à marquer.

  • 1 attaquant contre 1 défenseur. 10 essais
  • 2 attaquants contre 1 défenseur, 10 essais. Comparer.
    Résultats – Exemple : Charlotte, en 1 contre 1 : 4 paniers marqués ; en 2 contre 1 : 3 paniers marqués. Cette comparaison permet de poser le problème : « Nous sommes deux et pourtant, nous ne marquons pas plus de paniers que quand je suis seule ».

Hypothèses sur les stratégies possibles

Dans la salle de classe, les élèves sont invités à faire des hypothèses sur les stratégies possibles pour améliorer leur score.

Le questionnement a porté sur les points suivants :

  • Pourquoi je ne réussis pas à marquer quand il y a des défenseurs ?
  • Pourquoi ne marquons-nous pas plus de paniers quand nous sommes deux ?
    Ce qui est ressorti de la discussion :

Pour le porteur de balle seul : Que faire pour réussir à marquer quand il y a un défenseur ?  :

  1. Je peux faire une ruse, faire mine d’aller d’un côté et partir de l’autre
  2. Je fais mine de tirer et quand le défenseur baisse les bras, je tire

Aller vite Pour aider le porteur de balle :

  1. Je vais me placer derrière le panier pour essayer de rattraper le ballon s’il rate le tir
  2. Il me fait une passe par-dessus le panier
  3. Je me mets devant le panier (pour être plus près de lui)
    La séance suivante, les hypothèses d’actions ont été mises à l’épreuve. Sur les 3 stratégies du PB, il s’est avérée que la solution a) ne fonctionnait que si elle était combinée la c). Pour l’aide au partenaire, il s’est avéré que la stratégie f), bien sûr, ne fonctionnait pas puisque le partenaire en se rapprochant, gêne le tir du Porteur de balle ! Mais l’intérêt est de l’avoir testé et constaté son inefficacité. Tous les élèves ont ainsi expérimenté des stratégies. L’enjeu est qu’ils soient capables de se poser des questions et de mettre en relation leur manière de faire et le résultat de l’action.

Les élèves ont continué à s’entrainer, en parallèle des matches à chaque séance, les deux (exercices et matches) étant nécessaires pour stabiliser les acquis.

Les hypothèses qui ont été valides sont devenues des règles d’action rédigées ainsi :

  • Pour marquer un but, il faut : faire une ruse, faire mine d’aller d’un côté puis aller de l’autre et aller vite.
  • Pour aider le porteur de balle quand on est près du panier, il faut se placer derrière le panier pour rattraper le ballon s’il rate son tir (on appelle ça « récupération ») et tirer à mon tour.
  • Extrait remanié d’un article publié dans le ContrePied n°3, 1999, « L’école primaire interroge l’EPS »
  • Référence à Michel Fabre : « Si l’on commence à bien connaitre les procédures et les stratégies de résolution de problèmes, donne-t-on assez d’importance à la construction du problème ? Dans bien des cas, l’élève se trouve devant des exercices scolaires où le problème apparait déjà posé et défini par le maître ». in « De la résolution de problèmes à la problématisation », Sciences de l’éducation pour l’ère nouvelle, Didactique 4, CERSE, Université de Caen, 1994.