✅ Gymnastique rythmique – « Faire des exploits avec un ruban » Maternelle

Faire des exploits avec des objets, c’est tester son pouvoir sur le monde, c’est entrer dans une activité esthétique pour épater les autres.

Proposer la gymnastique rythmique avec ruban est possible dès la petite section de maternelle.

La gymnastique rythmique à l’école

La Gymnastique rythmique (GR) est une pratique sociale qui allie gymnastique et jonglerie. Le but du jeu est d’impressionner, d’épater un public en faisant des exploits corporels de plus en plus difficiles avec un objet. C’est une épreuve selon Bernard Jeu. Il s’agit de prendre des risques (lancer, faire une figure difficile ..) et de maîtriser le risque pris.

Pour aller plus loin, voir les repères didactiques de GR

Faire un exploit avec un ruban, c’est le faire voler, danser pendant la durée d’une musique, sans faire de nœud, pour épater des spectateurs. Le corps peut lui aussi faire des exploits à condition que le ruban continue toujours de danser.
Plus je fais des exploits difficiles avec le ruban et/ou le corps, plus j’épate les spectateurs.

La GR posent deux problèmes principaux (Loquet 1996) :

  • lancer-rattraper : donner la trajectoire voulue au ballon et assurer le rendez-vous
  • entretenir la mobilité du ballon sur un temps assez long (les rebonds)

Le lancer-rattraper ne sera pas étudié à l’école primaire (pour des raisons de possibilités motrices, de matériel inadéquat et de sécurité). Le problème à résoudre avec le ruban est d’entretenir la mobilité de l’objet pendant la durée voulue, et ensuite complexifier les « dessins » avec le ruban et avec des figures corporelles. En maternelle, il s’agira de déplacements et de figures peu déséquilibrantes : marcher en avant, en arrière, sautiller, s’accroupir, tenir sur un pied…

Les élèves vont apprendre à :

  • mettre en relation ce que fait le corps et ce que fait le ruban , l’élève doit comprendre que le ruban n’a pas une vie autonome. Exemples : éloigner le ruban du corps permet de « lui faire de la place » et évite les nœuds ; lorsque le ruban est devant soi, il vaut mieux faire de la marche arrière, etc.
  • passer de gestes explosifs à des gestes modulés : faire l’action que je veux sur une courte durée. A cette étape, les figures perturbent le dessin.
  • faire une démonstration et tenir compte d’un spectateur.

Equipements :
Grande salle : on ne peut pas pratiquer le ruban dehors (le moindre souffle d’air empêche de faire le dessin voulu). Il faut une grande salle dont le plafond n’a pas besoin d’être haut (une grande salle des fêtes peut convenir).
Un ruban par élève (ou un pour deux). Manipuler le ruban est fatiguant, le travail pourrait se donc se faire en alternance par moitié de classe (gymnaste/observateur)
Taille du ruban : pas trop court pour que le problème des nœuds soit posé et pour que les dessins soient visibles et épatants, mais pas trop long pour que la réussite soit possible. Pour des Petites Sections, entre 2 et 3 mètres ; Grande section : minimum 3 mètres.
Musique : choisir une musique entrainante et fluide (valse, musique tzigane, etc…).

Le code :
En Gymnastique rythmique, le règlement passe par le « code de pointage » qui donne une valeur aux figures gymniques dans le cadre d’une compétition ou démonstration. A l’école, le code est reconstruit par la classe à partir des exploits trouvés par les élèves. Il servira de repère tout au long du cycle. Il n’est pas facile pour les élèves de classer les dessins du plus facile au plus difficile. Un répertoire des dessins et figures trouvées peut suffire.

La situation de pratique scolaire (jeu de référence) – 10-12 séances

But du jeu :
«Faire danser le ruban avec mon corps pendant toute le durée de la musique (30 à 45 secondes) sans qu’il s’arrête jamais, faire « la statue » au début et à la fin ».
On se partage l’espace entre 6 enfants, ne pas se bousculer.

Critères de réussite :
– le ruban danse toujours, le ruban ne traîne pas par terre, ne s’arrête pas (pas endormi)
– « On bouge tout le temps de la musique »

Aides et contraintes de la situation :
– la durée de la musique oblige l’élève à entretenir la mobilité un certain temps. 30 secondes permet de poser le problème de la mobilité et des nœuds. Les élèves ne réussiront pas facilement mais peuvent envisager de réussir. Une durée définie permet d’anticiper la durée de l’effort à fournir. En GS, on peut faire un montage de 2 musiques (une type valse (pour les dessins), une type rock (pour les figures). Voir situation du cycle 2 et cycle 3.
– partager l’espace oblige l’élève à regarder à la fois son ruban et ses copains (ne pas surcharger cet espace)
– si la consigne « bougez tout le temps de la musique » ne suffit pas, on pourra proposer d’aller voir 2 spectateurs éloignés (placés autour de la piste) pour obliger l’élève à se déplacer. Le spectateur apprend à être attentif.

Evolution, progrès attendus :
Constat de départ : l’élève essaie de donner vie au ruban (palier 1) : il le secoue, le gigote et/ou fait des dessins sur place et fait des nœuds très rapidement ; il « promène » son ruban (se déplace et le ruban suit) ; ou encore, il saute pour faire « sauter » son ruban.

  1. Faire voler le ruban pendant toute la durée de la musique se déplaçant : centrer l’élève sur le fait de se déplacer, le ruban vole (peu importe les dessins). Il n’y a plus de nœuds.
  2. Quand il réussit, demander de faire des dessins ou des déplacements précis.
    1. Dessins : des ronds, des vagues, des fouets, etc. ;
    2. Déplacements : sautillés, galops, marche arrière…
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      A cette étape, tout figure corporelle (saut, tour…) perturbe l’équilibre et donc les dessins avec le ruban.

Les étapes du module d’apprentissage


1 -Mise en place de la situation, construction du sens « mon ruban vole » (4 premières séances minimum)

« Faire voler le ruban pendant toute la durée de la musique (30 secondes) sans qu’il s’arrête et sans faire de nœuds ; je me promène partout.»
Compréhension du sens de l’activité (le ruban ne dort pas) et des critères de réussite (pas de nœud). Si besoin, on peut imager : le ruban est une baguette magique.
Observation : le ruban danse-t-il tout le temps de la musique ? on fait beaucoup de nœuds Apprendre à s’arrêter et défaire le nœud avant qu’il soit trop noué (Prévoir des rubans supplémentaires, l’ATSEM peut être une aide précieuse pour cela)
Se mettre bien d’accord avec les enfants sur ce que veut dire exactement «réussi» : le ruban danse, ne traîne pas par terre, je bouge tout le temps, je ne fais pas de nœud.
Il ne faut pas s’intéresser trop tôt aux dessins pour que les élèves se concentrent d’abord sur la vie du ruban (le ruban vole et ne traine pas).
En petite section, cette phase représente une grande partie du module.
Quand les rubans volent bien, on peut répertorier les dessins et les déplacements. Leur donner des noms.

2. Est-ce que je réussis ce que je veux ? Pourquoi je ne réussis pas ?
Prendre conscience de ce que je fais. Pas évident pour certains enfants qui pensent toujours qu’ils réussissent.
Essayer tous les dessins. Repérer ceux que je réussis. Centrer les enfants sur leur déplacement s’ils restent sur place, sur l’amplitude de leurs gestes. Leur faire remarquer l’intérêt de la marche arrière (moyenne et grande section) ; si je marche en avant, où dois-je mettre mon ruban ?
Essayer les différents déplacements : mon ruban danse-t-il toujours ?
On évalue ses réussites sur la durée de la musique pendant un spectacle.

3- « Je m’entraine » pour stabiliser mes exploits.
Des répétitions sont nécessaires pour stabiliser les progrès. On s’entraine soit dans la situation globale de référence (durée de 30 secondes), soit tous ensemble sur une même action.
Les musiques d’entraînement peuvent être beaucoup plus longues et différentes de la musique de référence. L’élève fait la différence entre ces deux moments entraînement/ démonstration. L’enseignante aide les élèves qui en ont besoin à se questionner sur les techniques qu’ils utilisent. Le ruban qui ne s’emmêle pas reste le critère de réussite prioritaire.

4. Démonstration/spectacle

  • Pour le spectacle, On peut demander par exemple au moins 2 dessins différents et une figure. Les élèves de GS sont en capacité d’anticiper et de respecter un contrat prévu à l’avance
  • Aller voir les spectateurs et faire un signe est souvent apprécié des enfants qui sont fiers de montrer leurs exploits (c’est un exploit en soi de faire un signe de la main gauche pendant que je manipule de la main droite) rentrent dans un jeu de communication
  • Ne pas se bousculer reste un critère de réussite permanent, ce qui suppose d’avoir appris à regarder les autres en même temps que je me déplace et manipule.