Happycratie, ou comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, de Edgar Cabanas et Eva Illouz, Editions Premier Parallèle, 2018

Temps de lecture : 2 mn.

Petit livre étonnant.
Sa lecture m’a fait découvrir ce qui se révèle être une opération de grande envergure, à l’échelle de la planète qui ne manquera pas de pénétrer la sphère de l’éducation et de l’EPS. Il s’agit de propager de façon agressive, une philosophie très individualiste qu’on peut résumer par la formule : « le bonheur est en vous. ».

Si vous êtes malheureux, c’est de votre faute. La vie offre toujours des occasions de bonheur. Vous devez les optimiser. C’est la “philosophie positive” colonne vertébrale de cette entreprise économico-philosophico-politique et peut-être religieuse via bouddha.
La télé, les réseaux sociaux, les conférences, les livres, les comptes-rendus de mise oeuvre : ça tape fort !

A notre époque du désenchantement tristounet la proposition à être heureux peut séduire : les marchands de bonheur ont toujours existé. Mais là, je crois que c’est plus qu’une imposture.
« L’entreprise libérée » et ce « capitalisme flexible » se sont emparés du marché par une grande machinerie du bonheur à l’échelle de la planète. Un ensemble de choix d’autant plus dangereux qu’il est cohérent :

  • machinerie économique : le marché du bonheur représente des milliards qui s’accordent très bien avec le néolibéralisme
  • machinerie universitaire : avec des recherches sur la psychologie positive
  • machinerie idéologique et politique : le social n’existe pas, seuls les individus existent et décident individuellement de leur vie.

Les experts de la philosophie du bonheur cherchent à investir les domaines de l’éducation, de la santé, de la sécurité-criminalité, du travail, de l’amour … En EPS aussi ? Jugez par vous-mêmes !
Quelles sont leur proposition de programme : comment gérer ses émotions ; comment se montrer optimiste ; comment se fixer des objectifs à long terme ; comment surmonter les différences de talent entre les individus… le tout au nom de la psychologie positive.
Pour aller plus loin, lisez ce livre !