De Vincent TIBERJ, PUF 2024
Lors d’une interview, Vincent Tiberj répondait ainsi à la question : « Ces résultats électoraux semblent plaider en faveur d’une droitisation des Français… » :
« C’est un trompe-l’œil. Il n’y a pas de droitisation par en bas, chez les citoyens, mais par en haut, du côté de la scène politique et médiatique. Ce sont les campagnes qui modèlent des électeurs. En conséquence, certaines valeurs ont plus de poids dans les urnes qu’elles n’en avaient auparavant ; d’autres valeurs pourraient structurer autrement le champ politique. Celles-ci sont désavantagées car on n’en parle pas ». Dans son livre, il précise (p. 69) « c’est même à une « gauchisation » qu’on assiste pour les préférences culturelles et pour la tolérance à l’endroit des immigrés et de la diversité ». Ce livre prend donc le contre-pied de l’atmosphère dominante qui voit une droitisation massive de l’opinion (discutée cependant chez les politistes) et nous convie à penser que cette expansion peut être non seulement contenue (voir les dernières élections de juillet 2024) mais aussi conquérante. S’appuyant sur un très large fond statistique, il veut convaincre son lectorat que la société française « par en bas » est incontestablement plus tolérante que ses décennies précédentes et qu’elle est en opposition avec les sphères politiques, médiatiques promouvant des valeurs sous obédience droitière. L’auteur s’efforce de comprendre ce paradoxe.
Une lecture bien tonifiante qui peut expliquer les décisions aberrantes d’un Président hors sol.
Par Jean Lafontan