Danse folk : Le Bal Doisneau du lycée de Corbeil-Essonnes

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Evènement unique en France… J’en avais entendu parler, mais y participer, c’est autre chose ! Voici quelques échos du Bal Doisneau, édition 2017, organisé par le lycée de Corbeil-Essonnes en décembre.


Qu’est-ce que le bal Doisneau ?

-149.jpg Tout simplement un bal folk ! Un bal géant où tous les élèves du lycée dansent au son d’un orchestre de musiques traditionnelles. C’est tous les ans à la même époque, avant les vacances de Noël. L’évènement dure une semaine, le temps que toutes les classes de seconde et de première du lycée (sections générales, technologiques et professionnelles) puissent danser ensemble une demi-journée et rencontrent les autres classes.

Et cela n’a rien d’évident… et c’est tout l’enjeu de cet évènement : faire en sorte que tous les élèves de ce lycée de zone sensible, implanté dans un quartier populaire, mais à la population mélangée grâce aux options, se rencontrent et acceptent de danser ensemble est le défi que l’équipe EPS relève depuis bientôt 20 ans.
Eric Véra, prof présent dès l’origine du projet, estime que le bal fait désormais partie de la culture du lycée. Il se souvient : « Il y a 20 ans, c’était bien plus difficile qu’aujourd’hui. On devait être plus interventionnistes. Il fallait fermer les portes pour que les élèves ne sauvent pas ! Maintenant on ferme les portes pour qu’ils ne rentrent pas ! L’évolution en 20 ans est très positive ! » On sent effectivement que les élèves, garçons et filles, sont ravis d’être là et qu’ils ont envie de jouer le jeu « C’est super, on va rencontrer les autres, l’ambiance est conviviale ». Ils se sont habillés pour l’occasion : des robes et tenues habillées pour les filles, des garçons en chemise blanche et veste, certains avec des nœuds papillon !
-150.jpg « On s’habille bien, c’est normal, c’est un bal ! » ; « C’est un plaisir de se faire belles », « On va inviter des filles à danser, c’est le minimum, non ? »… ! Eric Vera : « Le fait que les élèves s’habillent pour le bal est assez récent, c’est probablement l’influence des séries télé américaines où il y a des bals du lycée. Et encore, cette année, les tenues sont plus banales parce que le sol du gymnase a été refait et les élèves n’ont plus le droit de mettre des chaussures à talons ! ». « Ce bal est un évènement de la vie du lycée et qui les marque ! Cela arrive que des couples se forment ce jour-là ! »

Dépasser la gêne de donner la main à l’autre

-151.jpgCeci dit, l’adhésion n’est pas gagnée d’avance ! Quelques élèves de seconde sont impressionnés et se demandent encore s’ils ou elles réussiront à danser ou à quelle sauce on va les manger ! Un garçon visiblement réticent me dit qu’il n’aime pas danser ou plus précisément, qu’il n’aime pas danser avec des gens qu’il ne connait pas. Corinne Perier, prof EPS : «  C’est tout l’enjeu des deux semaines de préparation pendant lesquelles les séances d’EPS sont uniquement centrées la préparation du bal. C’est un minimum si l’on veut que tous participent ». Au début, c’est une vraie difficulté pour certain.es. « Dans ma classe européenne (donc des bons élèves), j’ai été très surprise de leur réaction. Ils étaient capables d’apprendre rapidement les pas de 8 ou 10 danses, mais ils refusaient de donner la main en disant « c’est déguelasse ».
-153.jpg Corinne a donc pris le temps de discuter et de déconstruire leur a priori.  « Quand ils ont les mains moites, cela les met mal à l’aise. Tu vois qu’ils fuient le regard des autres, qu’il y a une gêne, certains demandent à aller se laver les mains… Il faut prendre conscience de cette gêne et leur expliquer que c’est normal et pas grave. Il y a plein de choses qui se jouent pour eux dans la rencontre des autres. Il faut mesurer que c’est intime de donner la main et en tenir compte dans notre façon d’intervenir. ». Y a-t-il des élèves qui refusent totalement de jouer le jeu ? Sylvaine Duboz répond : « Cela arrive. On essaie toujours de les convaincre, mais si malgré nos encouragements, un élève persiste dans son refus, on peut soupçonner des raisons soit disant religieuses et une atteinte à la laïcité. Nous sommes vigilants sur cet aspect. Le bal nous y aide »

Des danses folk, traditionnelles et sur mesure

-152.jpgDurant l’après-midi, les élèves vont danser une douzaine de danse, des rondes, des quadrilles, des chaines anglaises, des danses de couple…Certaines sont des danses traditionnelles connues, d’autres sont créées pour l’évènement, notamment pour renforcer les changements de partenaires. « C’est toujours le même enjeu : le brassage de population, la rencontre de l’autre » Arilès, prof d’EPS, meneur de bal, donne les consignes au micro. Les autres profs aident les élèves en dansant avec eux et en orientant les élèves qui se sont trompés de sens ou ont perdu leur partenaire. Toute l’équipe EPS est mobilisée, et parfois renforcée par des enseignants d’autres disciplines ou d’agents, eux aussi invités au bal. Deux professeures de français sont venues aujourd’hui et reviendront demain. « L’ambiance est vraiment agréable et c’est bien que les élèves de voir les élèves en dehors des cours. Je viens d’en surprendre un qui croyait que j’étais une élève de première ! ». L’atmosphère s’est maintenant totalement détendue. Et Arile
s de continuer à mener le bal en rappelant aux élèves « Vous vivez aujourd’hui un évènement unique en France, profitez en ! ».

Claire Pontais, le 22 décembre 2017

Voir l’article du journal local.

http://corbeil-infos.fr/corbeil-bal-de-la-fraternite-au-lycee-robert-doisneau-171216-2160.html