Michel Fouquet, secrétaire national interview Jacotte Sels (collège de Montigny le Bretonneux)
Jacotte, tu es élue des AS aux différents niveaux de l’UNSS : Conseil Départemental (CD), Régional (CR), Conseil d’Administration (CA) et Assemblée Générale (AG). Peux-tu nous dire quel est le rôle d’une élue des AS ?
Prioritairement, c’est exprimer au sein de l’UNSS le questionnement des acteurs de terrain par rapport à ce que l’on repère en tant qu’animateur du sport scolaire sur les pratiques, sur les attentes des élèves.
C’est aussi peser sur les choix concernant les orientations du sport scolaire. De ce point de vue, on peut dire que les élus ont une part active dans les débats et sont force de propositions à tous les niveaux. Ils ont contribué à faire évoluer les objectifs du sport scolaire, les orientations, à faire prendre en compte la nécessité de faire vivre et proposer des formes de pratique plus diverses, s’adressant au plus grand nombre.
Le rôle de l’élu des AS, c’est aussi d’intervenir sur les choix budgétaires pour défendre deux axes essentiels : d’une part, la nécessité de subventions ministérielles permettant à l’UNSS de jouer son rôle de service public, dans la possibilité donnée au plus grand nombre d’élèves d’accéder à une pratique volontaire ; d’autre part, une gestion du budget de l’UNSS réservant la part la plus importante au développement de toutes les formes de pratique pour les élèves.
Dans les instances officielles de l’UNSS, nous pouvons prendre cette part d’intervention et d’action, mais nous ne sommes pas seuls et n’avons pas toujours réussi à infléchir les choix dans le sens souhaité.
Que proposer pour renforcer la représentativité des acteurs du sport scolaire ?
C’est la vie des districts et la vie départementale qui est au cœur de l’organisation du sport scolaire. Nous proposons une évolution vers une structure « paritaire » présidée par l’Inspecteur d’Académie pour cet échelon. Il pourrait y avoir d’un côté des élus des AS et des délégués de district élus (ces derniers ne sont pas actuellement représentés dans les instances), des élèves (élus selon d’autres modalités, par exemple parmi les Conseils Départementaux de la vie lycéenne), des parents, des représentants des personnels (dont la représentativité serait établie à partir des résultats des élections professionnelles). Puis de l’autre, le directeur départemental de l’UNSS, des représentants des chefs d’établissement, du Conseil Général, de la DDJS, du CDOS, un IPR…
Ces propositions peuvent être déclinées aux niveaux académique et national.
La composition actuelle des structures est déséquilibrée, il faut renforcer la présence des élus des AS par celle des délégués de district qui ont aujourd’hui un rôle incontournable dans l’organisation du sport scolaire et dans l’animation, pour partie, de la réflexion sur les contenus.
La situation actuelle montre une grande disparité de fonctionnement de ces structures : certains CD sont de vrais lieux d’échanges, de négociations entre les différents acteurs, élus des AS, IA, chefs d’établissement, représentant du conseil général, qui ensemble élaborent des propositions. Les temps de travail sont finalisés, documents à l’appui, chacun pouvant ainsi contribuer au débat et aux choix. Dans d’autres Conseils, ce qui est fait reste formel, les différents acteurs ne sont pas régulièrement présents.
L’UNSS et le Ministère doivent s’engager fortement pour que tous les Conseils de l’UNSS fonctionnent et prennent leur part dans le nécessaire débat démocratique. Ils joueront leur rôle d’animation de la vie « politique » du sport scolaire, mais il faut aussi que d’autres structures de travail continuent à fonctionner : les AG de secrétaires d’AS, celles de délégués de district, et les collectifs par activité qui associent un maximum de collègues animateurs d’AS, c’est dans ces commissions que se débattent les modifications concernant les contenus, adaptation des règlements…
Enfin, le choix devrait être fait par l’UNSS d’organiser chaque année des journées de réflexion pour élaborer, réguler les projets départementaux et académiques du sport scolaire, associant l’ensemble des collègues pour faire, toujours mieux, des choix de contenus, répondre aux attentes et évaluer ce que l’on fait.
Comment améliorer le fonctionnement actuel des élus des AS ?
L’année 2002 2003 a été une année d’élections pour le renouvellement des élus des AS. Au-delà des propositions de modifications des statuts, il serait intéressant de donner des perspectives à ces nouveaux collectifs, de poser de nouvelles exigences de fonctionnement qui donneraient plus de sens et plus d’écho à leur action.
Les élus des AS doivent disposer de moyens de communication avec leurs « mandants » : lettres départementale, régionale, nationale des élus des AS, compte-rendu d’activité dans les assemblées, recueil de questions auprès des AS, …
Ainsi, les acteurs du sport scolaire dans les AS comprendraient mieux le rôle des élus, en connaissant leur action ; et les élus seraient plus représentatifs en s’appuyant sur des échanges plus fréquents avec les AS, ce qui contribuerait à donner encore plus de force à leurs propos et à leur activité.
Il faut agir pour qu’une réflexion soit impulsée à tous les niveaux de l’UNSS. L’action des élus peut être déterminante dans ce qui sera engagé, mais leur seule action ne suffira pas !
Dans le fonctionnement actuel, on note que plus les CD et CR, en amont, sont riches en échanges, plus on peut intervenir au niveau de l’AG, des CA. Sur cet aspect, le groupe des 15 élus des AS à l’AG a obtenu un temps de travail systématique avant chaque AG de l’UNSS. Ce temps nous permet d’exprimer et d’échanger sur des expériences et des points de vue divers, sur les formes et les contenus de pratique, mais aussi de mettre en commun nos analyses. Ainsi, au moment de l’AG chacun trouve son espace d’intervention en fonction du travail réalisé collectivement. Nous transmettons ensuite une lettre des 15 aux élus des CD et CR UNSS sur le contenu de nos remarques et propositions.
Qu’aurais-tu envie de dire à tous ces nouveaux élus ?
Il faut se battre contre le formalisme, agir pour que les structures se réunissent sur des objets finalisés, avec des documents dont le contenu est collectivement décidé et permet d’analyser l’activité réelle du sport scolaire, pour qu’un vrai travail, démocratique et fructueux, puisse avoir lieu.
Il faut agir pour qu’une réflexion soit impulsée à tous les niveaux de l’UNSS. L’action des élus peut être déterminante dans ce qui sera engagé, mais leur seule action ne suffira pas !
Il faut contribuer à convaincre tous les animateurs des AS de s’investir dans les espaces de décision et faire en sorte que l’on trouve ensemble ce qui crée du lien, du commun en préservant les diversités qui sont aussi la richesse du sport scolaire.
Les attentes des élèves autour de la pratique volontaire sont fortes, nous devons leur proposer des projets de qualité et ambitieux !
Les attentes des élèves autour de la pratique volontaire sont fortes, nous devons leur proposer des projets de qualité et ambitieux !
Quelques remarques :
- C’est le décret du 13 mars 1986 qui organise l’UNSS. Nous avons conservé l’essentiel des références du texte initial, même si certaines ont évolué (les attributions ministérielles par exemple).
- L’AG de l’UNSS n’est pas une AG au sens strict de la loi de 1901. C’est une instance délibérative, dont la composition est détaillée par le décret.
- On note à tous les échelons une surreprésentation de l’administration, qui nuit à la qualité du débat démocratique que nous souhaitons.
- Les fédérations de parents et les syndicats, « les plus représentatifs », ne figurent pas dans le décret, mais sont précisés par une note ministérielle tous les 4 ans.
- Des anomalies sont à corriger.
- La FEN, qui n’existe plus et dont le substitut, l’UNSA, ne représente plus grand-chose dans le monde de l’Éducation, a en revanche sa place à l’AG de l’UNSS.
- Le SNEP, qui représente 75% de la profession, est à parité avec le SE (environ 10%), à tous les niveaux de l’UNSS. Dans certaines académies, le SE n’a pas présenté de liste aux dernières élections, mais siège aux CD et CR de l’UNSS…
- La place des élèves : ils ne siègent qu’au niveau départemental (1 élève). L’élection est une caricature de démocratie. Des propositions d’améliorations ont été faites par le SNEP.
- Il en est de même pour les élus des AS : leurs nombre, rôle, mode d’élection et moyens de fonctionner doivent être revus, en intégrant les districts et leurs délégués. Le SNEP a également des propositions.
Il y a donc bien nécessité et urgence à faire évoluer ces statuts.
Article issu du ContrePied 12 (2003) – Le sport scolaire : un sport alternatif !