L’ EPS interpellée par la société : contribution de Paul Goirand

Temps de lecture : 14 mn.

L’EPS est interpellée par la société. Peut-elle contribuer à la valorisation d’une forme de culture originale, à l’émergence d’une nouvelle citoyenneté ?


En fait, la question posée est double si on veut bien prendre la première partie comme une interrogation. Voilà, immédiatement, comme ” j’interpelle ” le sujet qui m’est posé ce soir, avec la précaution suivante : je défends un point de vue sans avoir tous les éléments de l’actualité, ce qui laisse une place à la critique.
L’EPS n’est pas interpellée par la société (au sens littéral du mot) mais il faut savoir entendre dans le ” silence social ” des messages qui sont la marque d’une situation fragile, significatifs d’évolutions en profondeur des mentalités.
Ça n’est pas parce que personne ne nous interpelle directement que nous ne nous sentons pas concernés, surpris, dérangés, interrogatifs vis à vis des problèmes que rencontre la discipline et l’école en général dans les discours et dans la pratique quotidienne du métier.

Pourquoi poser la question dans le sens qui va de la société vers l’EPS ?
C’est dans l’esprit du Centre ” EPS et société ” que de raisonner les problèmes de l’EPS non seulement dans une logique scolaire mais aussi dans une logique sociale.

Personne n’interpelle l’EPS !

Interpeller est un mot à la mode. Il fait partie du ” prêt à parler ” quotidien populaire qui fait glisser le sens des mots dans une idéologie masquée souvent dangereuse. Alors reprenons ! Interpeller c’est adresser la parole d’une façon plus ou moins brusque à quelqu’un pour lui demander quelque chose, l’interroger, le questionner, l’insulter même, le sommer de s’expliquer.
Qui, aujourd’hui, nous adresse la parole, nous questionne, nous insulte, nous somme de nous expliquer, nous brusque ? Qui, dans la société, nous secoue dans nos écrits et nos pratiques ?

Les élèves ?
Hors le contact permanent que les enseignants ont avec leurs élèves, si l’expression publique des élèves ne peut être saisie que par des enquêtes nationales.
Si on retient l’opération Meirieu de 1998 (élèves de lycée), les revendications des élèves sont générales, elles tournent autour de : plus de considération, plus de respect, d’écoute et de disponibilité de la part des enseignants, plus de temps pour le travail personnel, plus de moyens pour étudier, des conditions meilleures et des études plus équilibrées avec une place plus grande pour les matières culturelles et sportives (les matières ” inutiles ” ! ! !)…

Globalement, ils sont satisfaits de l’enseignement qui leur est donné et ils veulent travailler…

On les interroge sur les contenus, ils répondent sur l’environnement, sur les moyens, sur la relation, sur la vie au lycée…

Ils n’interpellent pas les disciplines, pas plus l’EPS que les autres !

Ponctuellement, dans la dynamique des séances, les élèves peuvent manifester leurs désaccords, leurs désirs… mais aucune étude de portée générale ne prend en charge ces manifestations qui doivent, sans aucun doute, être différenciées selon les publics.([[Les travaux de Pierre Therme à Marseille et de Méard à Nice sont des points d’appui sérieux pour comprendre les attitudes des élèves, de collège en particulier.]])

Les parents d’élèves ? Je n’entends pas de ce côté-là non plus un message qui nous serait adressé qui ait l’allure d’une interpellation.
Ils sont pour l’allégement des programmes mais pas pour la suppression de l’EPS.

Mais s’il fallait choisir en période de pénurie ? Ils sont pour l’aménagement du temps scolaire mais ils veulent que leurs enfants fassent du sport.
Sauraient-ils faire la différente entre l’EPS intégrée dans les études ou bien une ” pratique d’après-midi ” de détente ?
En certaines circonstances, la Fédération des conseils de Parents d’Elèves (FCPE) menait aux côtés du SNEP une campagne nationale de promotion de l’EPS.

Les politiques ?Si la mise en cause de l’école est forte du côté du ministère, si la dénonciation de corps enseignant est brutale, on ne relève rien de particulier pour l’EPS, ni d’ailleurs à l’égard du SNEP qui semble être assimilé en la circonstance au SNES. L’allégement des programmes en lycée ne touche pas l’EPS qui conserve ses 2 heures obligatoires ( !).
Les options et la filière EPS au bac : le congrès a analysé.
Le débat politique sur l’école est omniprésent et quelques lignes de forces profilent des options prêtes au renoncement quant à une véritable démocratisation du second degré. Que sera l’EPS dans la tourmente ?

Les journalistes ? Ils parlent beaucoup du phénomène sportif, comme fait de société dans ses manifestations spectaculaires, mais jamais plus de l’EPS. Depuis que nous avons émigré au ministère de l’Education nationale, le journal ” L’Equipe ” ne se préoccupe plus de ce qui se passe à l’école.
Mise à part Philippe Meyer sur France Inter, le matin à 7h45, qui de temps en temps fustige les profs de gym, pour leur intellectualisme incompréhensible et pédant, la presse nous ignore tranquillement.

Les dirigeants sportifs ? Depuis longtemps déjà, les fédérations ont compris que l’EPS ne servait à rien dans la dynamique de production de la performance sportive. Et si aujourd’hui, le sport en général est aux prises avec des questions qui touchent à l’éthique, les solutions qui préconisent l’éducation de la jeunesse n’évoquent pas l’école ni l’EPS mais plutôt l’éducation dans les clubs. Les dernières Assises Nationales du Sport (Lille 1998) ont laissé une place (petite) à l’EPS mais ce qui s’y est dit est ambigu car voulant trop démarquer la discipline de la pratique sportive, on la cantonne dans un formalisme vide de signification culturelle.
On connaît la chanson !
Le ministère Jeunesse et Sports a trop d’autres soucis et problèmes plus urgents actuellement que d’interpeller l’EPS.

Quelle place lui sera faite dans la nouvelle loi ? Si elle sort !

Les intellectuels, les scientifiques ? Des propos sur le sport ne sont pas rares mais que savent-ils de l’EPS ? A l’exception de Michel serres qui fait un papier dans ” Le monde de l’éducation ” intitulé : l’éloge de mon prof de gym… le seul qui lui ai appris à vivre, rien de bien repérable de ce côté-là non plus comme interpellation.
Cependant je relève deux faits :

  • le Conseil scientifique de la consultation Meirieu, dans son document préparatoire faisait allusion aux différentes formes de la culture humaine : scientifique, littéraire, artistique, technologique, mais rien sur la culture corporelle. La séance de clôture de cette consultation a donné la parole aux scientifiques, aux artistes…mais point de représentants des activités corporelles (sportives ou artistiques) !
  • la coupe du monde de football a été l’occasion, pour des intellectuels, de renouer avec un discours hostile vis à vis du sport, ” cette machine à empêcher de penser “.([[Christophe Gallaz. Le sport comme machine à empêcher de penser. Journal Le Monde . 1998.
    Le Monde du 12.6.98 : Les stades de la honte. Ardoino, Labica, Benasayag, Ziegler.
    Le Monde diplomatique. Manière de voir 30 mai 96. Le sport c’est la guerre. Dossier.
    Charlie Hebdo. L’horreur footballistique. Supplément au n°308. Dossier.]])

Dans le milieu intellectuel, forte est encore l’ignorance, voire le mépris, vis à vis de la formation et l’expression du corps.
L’école, dans sa tradition intellectualiste, l’université encore plus, tardent à intégrer dans la formation fondamentale la dimension Education Physique. Cependant, la pratique des exercices physiques intégrée dans la vie quotidienne de façon plus ou moins régulière et intense, se développe et pénètre les différentes catégories de la population.

Les pratiques sportives de spectacle, par télévision interposée souvent, intéressent des masses importantes de personnes. Le phénomène sportif s’impose comme phénomène social important de différents points de vue, y compris contradictoires.

Ce mouvement en profondeur des mentalités touche-t-il l’éducation physique obligatoire, tourne-t-il les regards vers l’école et interroge-t-il les enseignants sur leur rôle et leur efficacité ?
Réponse à la première question : la société est muette à l’égard de l’EPS et de ses enseignants. Nous avons connu des périodes plus agitées où nous étions brusquement interpellés parce que la discipline était directement concernée par des urgences sociales. Urgences militaires (faites-nous des hommes nous en ferons des soldats), urgences hygiénistes (redressez-leur la colonne vertébrale, ils respireront mieux et il y aura moins de tuberculose), urgences sportives (apprenez-leur les techniques de base et nous en ferons des sportifs), urgences professionnelles (apprenez-leur à placer leur dos et il y aura moins d’accidents du travail. C’était l’EPUP !).

Aujourd’hui quelle crédibilité sociale accorde-t-on à l’EPS qui en ferait un objet de débat public où nous serions pris à partie brusquement ? Cette crédibilité est à construire dans le processus de rénovation du système scolaire.

Alors ?

Une EPS citoyenne ?… Une EPS pacificatrice ?… Une EPS pour la santé ?… Une EPS de culture ?… A quoi ça sert ? Quel est le sens du métier ?

C’est l’interpellation majeure aujourd’hui qui est derrière le ” silence social ” qui couvre l’EPS. On aura beau peaufiner l’outil, si on ne convainc pas de son utilité sociale urgente(3), il risque d’être rangé dans le placard des antiquités. D’autant plus que l’offre d’activités physiques dont les opportunités de pratiquer sont nombreuses, variées, souvent immédiatement attrayantes et touchent une grande partie de la population jeune. L’EPS peut aussi être doublée par les pratiques sociales de différentes façons([[Un collègue CPD du Rhône me confiait que depuis le début de l’année scolaire, il a été sollicité par les fédérations de sports boules, de hand ball, de hockey, de tennis, de golf, de lutte, de pétanque pour signer une convention et intervenir à l’école primaire.]]).
Pour prouver notre utilité, je ne crois pas qu’il faille multiplier les raisons de notre existence. La société, au sens de l’opinion publique, a besoin de nous situer sur un axe fort, non exclusif mais intégrateur d’autres finalités.Alors, j’opte pour une éducation physique citoyenne. Est-ce céder à la mode ou bien c’est répondre à une situation sociale qui demande qu’on agisse vite ?Pour une éducation physique citoyenne, citoyenne au sens où l’EPS placerait le savoir comme valeur première parce que fondamentalement le savoir est libérateur. Ce qui induit des positions de principe.

Principes de mise en œuvre ou réponse à la deuxième partie de la question

L’échec scolaire est incompatible avec une visée citoyenne de l’EPS.

L’échec scolaire existe en EPS, il faut le reconnaître et y remédier([[ L’échec scolaire en EPS in ” Ce qui s’apprend en EPS “. Colloque 1996. Editions SNEP.]]). Et n’est-il pas en train d’être intériorisé comme donnée sociale intraitable, insurmontable, ce qui fait dire à certains enseignants, en confidence : ” il n’y a rien à faire avec ceux-là, ils ne sont pas éducables “. Une culture professionnelle du renoncement s’infiltre insidieusement même là où jusqu’à présent le militantisme collectif l’emportait. Les manifestations de la crise de l’école sont telles en certains endroits que la démocratisation est remise en cause([[Pour équilibrer l’analyse rappelons que le colloque ” Défendre et transformer l’école ” – Marseille 1997 – dressait des perspectives de rénovation dans le sens d’une réelle démocratisation.]]), ce qui rend le projet plus difficile encore et les enseignants plus vulnérables aux propositions nouvelles de ségrégation scolaire.

La citoyenneté se construit au cœur des situations d’apprentissage.

Elle ne s’arrête pas à la porte de la classe. Contrat social et contrat didactique sont les deux faces d’une relation enseignement-apprentissage qui ne peuvent pas être dissociées, mais qui ne peuvent fonctionner que dans la transparence et le respect mutuel. Oui, répétons que le savoir n’est pas dissociable de la façon dont il est transmis, ce qui renforce la responsabilité des enseignants seuls animateurs de l’activité d’apprentissage des élèves.

L’EPS est concernée au même titre que toutes les autres disciplines.

Il n’y a pas des ” disciplines de vie citoyenne ” et ” des disciplines de savoirs “, même s’il y a différentes formes de savoirs et différentes façons de se les approprier. Cela exige qu’on soit claire sur la définition de la discipline.

Est-ce acceptable de dire ” discipline d’expérience ” au lieu et place de ” discipline de savoirs et de compétences ” ?
Quelle ouverture, quels pièges, quelles embuscades nous sont tendus dans cette différenciation ?
Si l’expérience veut insister sur le fait que ce qui est premier en EPS c’est le vécu, l’engagement, l’aventure, la prise de risque dans l’épreuve où le corps est engagé comme objet et outil de l’action, alors oui l’EPS est une discipline où l’expérience ne sera jamais réductible à la connaissance qu’on peut en avoir.
Une discipline qui développe une culture de la pratique et la promotion de l’expérience comme forme de la connaissance où le sensible se mêle au raisonnable.

L’EPS discipline de l’indicible ? Oui, tout n’y est pas raison ni raisonnable !
Si cette façon de catégoriser les disciplines signifie qu’en EPS il n’y a rien à transmettre, il n’y a qu’à faire pratiquer, cette façon n’est pas acceptable. Une citoyenneté sans contenu, c’est insensé ! Une socialisation sans contenu risque de n’être que soumission et répression.

La citoyenneté se construit sur un double registre : socialisation-acculturation d’un côté et personnalisation-individuation de l’autre.

Il est à craindre que la culture ambiante majoritaire, culture du consensus et du politiquement correct, ne réduise la citoyenneté à la soumission au groupe et au respect de la règle.
C’est si facile en EPS d’évoquer la règle comme structure fondamentale du groupe et le respect de la règle comme fondement du lien social ! Cette façon de voir est doublement dangereuse :

  • elle prive les jeunes de cette aspiration légitime à être eux-mêmes. Le retour du ” Je ” est constitutif de ce ” nouvel âge de la citoyenneté “([[Anicet LePors. Le nouvel âge de la citoyenneté. Edition de l’Atelier. 1997.]]) mais il a besoin de la régulation du groupe solidaire pour ne pas sombrer dans l’égoïsme individualiste.
  • elle prive la société d’un dynamisme créateur de nouvelles formes de pratique.

J’ajouterai que la citoyenneté ne se construit pas plus sur la seule expression de la personnalité individuelle et les désirs de chacun.
Devant les difficultés de mettre les adolescents en activité d’apprentissage, il est tentant de céder à la ” tyrannie du plaisir “([[Jean-Claude Guillebaud. La tyrannie du plaisir. Seuil. 1998.]]) et de jouer la carte de la convivialité et du bien dans sa peau.

Entre libertaire et autoritaire, il y a place pour une éducation de l’exigence, du partage et de la responsabilité collective.

La citoyenneté est fondée sur une culture commune qui assure le lien humain entre tous les individus de la collectivité.

Une culture commune qui serait une culture de la résistance et de l’esprit critique, une culture de combat qui se donne comme exigence de réviser ses références, de se situer comme productrice d’une culture subversive… Une EPS de la subversion.([[Relire le rapport introductif au congrès du SNEP de Montargis de Jacques Rouyer : Pour un projet culturel et social.]])
L’évolution des formes dominantes du sport pose des problèmes d’éthique qui engagent tous les éducateurs, y compris les professeurs d’EPS.
L’EPS, pratique scolaire, se conçoit, se régule, s’évalue aux regards des valeurs qui sont celles ou qui devraient être celles de l’école républicaine dont la valeur du savoir également partagé (et non celle du plaisir immédiat et du tout, tout de suite).
Les numéros 1 et 2 de la revue Contre-pied ont précisé ce qu’on appelle la révision des références de l’EPS et la notion même de pratique sociale de référence.

Ces mêmes numéros ont exploré les différentes démarches de transposition didactique qui transforment une pratique sociale prise comme référence en pratique scolaire prévue et réalisée, puis en pratique réellement vécue faite de compétences acquises.

Dans cette vision des choses, les pratiques scolaires sont des pratiques originales porteuses des valeurs de l’école, de techniques, de relations sociales, d’un vocabulaire spécifique, de rites et d’habitudes…qui leur sont propres.
Oui, de ce point de vue-là, l’école est productrice de culture !
Disant cela, nous ne sombrons pas dans un idéalisme pédagogiste et faisons nôtres les propos de Samuel Joshua([[Samuel Joshua. Education, la tentation du renoncement. Journal Le Monde. 24 mars 1999]]) : ” le libéralisme ferait des ravages sans entrave hors les murs et l’école, dotée de la juste pédagogie, suivrait son chemin de lumière. Qui peut croire à ce conte de fée ? “

Cependant, cette mise en garde ne nous dédouane pas de nos responsabilités dans les murs de l’école et nous suivrons facilement Bernard Charlot([[Bernard Charlot. Violences à l’école. Etats des savoirs. Editions Armand Collin. 1997.]]) lorsqu’il écrit : ” c’est la violence des cours qui ne font guère sens pour les élèves, d’un temps scolaire et post-scolaire interminable ressenti par beaucoup d’adolescents comme un vol de leur jeunesse “.

Il reste, pour les enseignants, un espace d’initiative qui est de leur responsabilité.

L’école produit une culture qui lui est propre à partir d’un patrimoine qui impose ses normes.

La culture physique humaine a investi des champs d’activité divers mais prioritairement les activités sportives et artistiques qui selon les époques et les lieux ont pris des formes particulières.
Déconstruire les pratiques sportives pour reconstruire des formes purement scolaires tout en respectant les exigences culturelles que l’humanité s’est imposée pour assurer son développement, telle est la gageure de la transposition.

Les savoirs proposés aux élèves n’auront de sens pour eux que s’ils s’ancrent dans l’histoire des pratiques et redécouvrent leur dimension anthropologique.

Dans cette création culturelle, l’EPS est encore trop ” prisonnière de la forme scolaire “([[Guy Vincent. L’école prisonnière de la forme scolaire. Editions PUL. 1994 ;]]) traditionnelle marquée par l’histoire d’une institution où la recherche de l’excellence fait peut de place aux savoirs pratiques et technologiques (professionnels ou sportifs)… forme scolaire professorale où la sanction scolaire (la note, l’examen ou le passage de niveau) justifie le travail.

L’EPS peut, et elle le fait, échapper en partie à cette logique pour redécouvrir l’essence du jeu scolaire qui est l’éveil à la culture, l’accès à la connaissance.

Conclusion

Attention !

Nous sommes, en vérité, interpellés par deux institutions ou personnages : le législateur et le juge.Le législateur et le juge restreignent le pouvoir d’innovation en engluant les pratiques dans une idéologie sécuritaire qui terrorise bien des enseignants.Cette nouvelle donne paralyse les innovations et dénature les activités. Attention à des pratiques scolaires aseptisées et ennuyeuses où la recherche de la sécurité remplacerait la prise de risque et l’aventure sans lesquelles il ne peut y avoir d’apprentissage ! Autre forme de violence faite aux jeunes.

Conclusion de la conclusion : L’EPS est une discipline de l’inutile.

Elle est empruntée à Bernard Charlot dans une interview au journal ” Regard “[[Bernard Charlot. Quand l’échec fait violence. Regards n°44. mars 1999.]]. Charlot constate que dans l’école, le rapport au savoir est instrumentalisé : on va à l’école pour avoir un diplôme, on veut un diplôme pour avoir un métier… L’école est coincée entre apprendre et avoir un métier…

Disons tout de suite que dans cette perspective, l’EPS n’a que peu de place. De ce point de vue, l’EPS est une discipline à part, en large de la logique scolaire dominante. Mais Charlot poursuit : la mission de l’école est détournée par l’ampleur de la crise sociale et le développement du chômage. Peut-on aider l’école à opérer cette révolution où la culture et le plaisir d’apprendre redonneraient sens au travail scolaire ?
Une culture de l’inutile, une culture pour soi, une culture de l’humain.
L’EPS alors retrouverait toute sa place : une discipline de l’inutile, en quelque sorte.

Quel paradoxe tout de même de conclure ainsi alors que le début de cette contribution constatait le défaut de crédibilité sociale de la discipline. La vraie citoyenneté serait alors celle qui donne à chacun sa dimension optimum personnelle et les instruments de culture pour construire sa vie d’homme.
Pas si inutile que cela. Et là, l’EPS a une belle place à prendre.