la revue Contrepied pour changer de direction

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A la sortie du confinement, nous n’avons cessé d’entendre qu’il fallait un mode d’après, l’espoir d’un contre-pied. L’année qui vient va nécessiter de l’inventivité et de la résistance de notre profession pour ne pas se laisser emporter soit par une EPS hygiéniste vidée de tout savoir sur les APSA soit totalement absorbée par des formes sportives que le 2S2C présente.


La revue contrepied peut sans aucun doute être un espace de réflexion pour nourrir notre profession. Rencontre avec jules Lafontan, président du centre EPS et société qui publie la revue contrepied.

Peux-tu revenir sur les productions du Centre Eps et Société de l’année qui vient de s’écouler ?

Nous avons vécu une année très particulière comme chacun et chacune d’entre vous. Nous avons tout de même réussi à maintenir deux numéros et deux séminaires de travail. Notre collectif en charge de l’animation et de la production des numéros a dû inventer de nouvelle façon de travailler et nous devons sans aucun doute trouver le moyen de nous élargir pour réussir à continuer de publier et alimenter notre site.

Le Centre EPS et Société en publiant un numéro sur la musculation a bien senti la tendance des pratiques en EPS mais quel contrepied à ce courant dominant ?
Ce Contrepied nous aura mobilisé bien plus que les autres. En s’attaquant à la question de la « musculation » on ne se doutait pas que l’archipel était dur à débarquer. On ne se doutait pas, non plus, du niveau de la difficulté́. Quand on sort des définitions communes, la musculation est vite devenue une énigme. Notre ambition a été de l’affronter.
En effet. La profession a connu de nombreux rebonds idéologiques dont la musculation n’est qu’un « nouvel avatar » propulsé par la CP5 comme question professionnelle essentielle, mais fortement contestée. La pandémie a fait émerger publiquement ce besoin spécifiquement humain de l’exercice musculaire, socialisé sous de multiples formes.
L’EPS ne peut pas se constituer hors de cette évidence. Elle doit l’articuler avec les activités sportives dont elle a en charge leur apprentissage et que les programmes actuels dévoient avec la CP5. Nous sommes convenus que trois orientations devaient guider nos travaux : une activité à finalité générale de développement de soi, une activité́ préparatoire à telle spécialité́ sportive, et une activité sportive, compétitive, l’haltérophilie, forme sociale de l’exercice étendu de la performance absolue dans le soulèvement des charges. Cette tentative de mise en ordre conteste les injonctions institutionnelles et réinjecte un débat critique accompagnant la profession. La CP5 est un objet socialement mort, reconstruit à partir d’une seule approche méthodologique qui, faute de réalisations demandant une intensité́ suffisante rend aveugle tout apprentissage.
Notre tentative de diversification des modes d’entrées, d’articulation avec la performance et les méthodes, nous semble être déjà un contrepied professionnel à débattre et cultiver.

Le premier numéro de l’année était sur le travail d’équipe. L’équipe est elle pour le centre une clé pour l’EPS ?

Récemment, avec les nouveaux programmes, le ministère a décidé de ne plus afficher les attendus nationaux auxquels les élèves devraient satisfaire au terme de leur cursus. Au prétexte de faire s’exprimer l’initiative locale et la liberté pédagogique, il laisse jouer à fond les discriminations géographiques et sociales puisqu’au bout chacun.e ne fera que ce qu’il, elle pourra dans ses conditions matérielles et sa population scolaire, l’institution se dédouanant ainsi de toute préconisation et responsabilité en la matière.
L’équipe es de ce point de vue à la fois une ressource qui peut permettre d’inventer et de résister mais peut aussi devenir le lieu de la mise en œuvre des directives nationales sans penser contre les injonctions qui fragilisent notre discipline. L’équipe comme tout collectif n’est pas une clé en soi si elle n’est pas articulée à des finalités et des exigences d’apprentissages communes pour réduire les inégalités et démocratiser les apsa.

Quels sont les numéros en préparation ?

Nous avons cette année un premier numéro qui sera dans le sillon du dernier colloque organisé par le snep osons les arts mais qui se concentrera sur la danse. Il devrait sortir au premier trimestre. Notre deuxième numéro sera sur le tennis de table.
Notre ambition va au-delà de nos productions ; elle est de trouver et formaliser votre soutien : adhésion bien sûr mais aussi, débat de nos propositions par des réunions locales, participation à l’écriture commune à partir de vos expériences, venir à nos séminaires. Un groupe ouvert sur la profession.

Interview réalisée par Bruno Cremonesi