Eric Quintin, ex-international, barjot – champion du monde – professeur d’EPS, CTS responsable du pôle espoir Provence-Alpes, a participé à la création du Sandball en 1995. Explication des règles et de l’état d’esprit de ce jeu.
Peux-tu nous expliquer l’origine du Sandball ?
Plusieurs facteurs ont permis cette idée de faire du hand sur le sable (Sand en Allemand et Anglais). Le hand Français avait un déficit d’image. Après la médaille de Bronze de 1992, notre équipe avait une identité joyeuse, « délurée » tout en ayant réalisé une performance sur le plan international. Notre sport restait médiatiquement effacé alors qu’un élan d’enthousiasme nous avait accompagné durant ces jeux. Nous souhaitions aider notre sport à progresser, et cherchions à faire partager notre passion au plus grand nombre. L’exemple du beach volley nous a inspiré, des pratiques de plage existaient déjà avec la « tournée des plages » du bataillon de Joinville et le beach hand italien. Mais ces pratiques étaient trop proches du hand traditionnel et loin de l’essence hédoniste des sports « fun » ; nous voulions un jeu vif, à « spectacularité » ajoutée, simple et sans risques pour le pratiquant, expert ou débutant.
Cela s’est concrétisé en 95 par un tournoi UNSS sur la plage de la Couronne à Martigues (13). Les élèves ont tout de suite été pris par ce jeu et les enseignants d’EPS ont manifesté leur intérêt pédagogique pour cette nouvelle activité.
Les bases étaient posées : un règlement spécifique, une volonté de partager, de l’élite au débutant. Notre titre mondial de 1995 a donné une énergie supplémentaire, et tous les potes de l’équipe étaient sur la plage pour partager ce moment extraordinaire d’un premier titre mondial conjugué à la naissance de ce nouveau sport, bien dans l’esprit de cette singulière équipe.
Au final, les résultats restent le fruit de convergences d’énergies hasardeuses, imprévues mais assez conformes à l’esprit Handball, ni plus ni moins à celui dont se revendiquent les « créateurs » et leurs potes militant-e-s ayant adhéré au mouvement.
Quelle est la particularité du règlement du SandBall ?
Nous voulions un sport « fun », hédoniste, facile à jouer et à arbitrer. Avec 3 joueurs de champ et un gardien par équipe, on est à la base des sports-co tout en donnant plus de place à l’œuvre individuelle. En interdisant la défense alignée à 6 m et les contacts défensifs, on privilégie l’attaque, le mouvement. En bonifiant les buts en Kung Fu, on favorise le jeu aérien et spectaculaire. Pour ce qui est du terrain, on a fait simple et pratique : un rectangle de 14 sur 12, les cages à 6 m des petits côtés. Un simple élastique, 2 cages gonflables, et ça joue ! Le découpage en manches, dont une éventuelle 3e en série de contre attaques, participe à une dynamique plus captivante et ludique.
Comment avez-vous insufflé l’état d’esprit ?
Cette dimension est devenue importante.
Elle rappelle l’essence du sport : le jeu, la rencontre !
Les premiers tournois m’ont fait retrouver des joueurs avec qui les relations restaient empreintes des miasme de joutes du haut niveau ; nous retrouver en short, sur la plage, a vite permis de nous voir autrement, avec plus de respect, ou de tolérance pour nos communes aspérités.
Dans le même esprit, des relations entre clubs sont devenues plus sympa. L’hédonisme est un constituant important du Sand ; après les tensions fortes des championnats chacun a besoin de souffler un peu. L’opposition est plus douce, plus ludique. La plage participe naturellement à cette forme de relâchement roboratif où le jeu l’emporte sur l’enjeu.
Le Sandball est-il en rupture ou en prolongement du Hand Ball ?
Le Sand anime +/- 20% de non licenciés. Nous ne savons pas la suite de leur histoire avec le Hand, mais c’est une porte intéressante. Le Sand permet de déceler les qualités d’un bon joueur de Hand. Son identité quelque peu libertaire en fait une pratique alternative, mais « nous sommes tous handballeurs » et ce jeu est pour nous une déclinaison du hand, au service de nos valeurs sportives et éducatives. Nous nous sommes développés grâce au militantisme de ceux ayant apprécié cette nouvelle capacité d’agir, et nombre d’ami-e-s joueuses et joueurs de haut niveau ont donné de leur énergie. Suisses, Allemands, Espagnols, Danois, Tunisiens ont apprécié ce mouvement.
Nous espérons une organisation plus professionnelle.
Les fédérations internationales ont pris la voie du beach ; malheureusement il répond moins bien à l’objectif de donner un nouvel atout au Handball.
Nous réfléchissons avec la FFHB et espérons savoir mieux faire ensemble.
Propos recueillis par Sébastien Molénat et parus dans Contre Pied HS n°6 – Handball