Le vertige de l’émeute

Temps de lecture : 2 mn.

De la Zad aux Gilets jaunes, Romain Huët, Editions Puf, 2019

Dans une note précédente, j’avais déjà commenté un livre sur ce thème de l’émeute écrit par un philosophe (Eloge de l’émeute). Ici il s’agit d’une approche sociologique qui s’appuie sur les expériences des ZAD et celles des gilets jaunes. Mais l’originalité, voire la pertinence tient à l’entrée par le sensible, l’émotion. De ce point de vue, pour l’auteur, il semble que la visée politique de l’acte émeutier soit secondaire au profit d’affects partagés, d’expériences communes, de bruits, d’odeurs, de production d’un spectacle. L’émeute serait alors « machine désirante »( Deleuze), une façon de demander réparation à la vie empêchée de la part de ceux qui ne parviennent pas à s’accommoder de leurs déceptions. L’émeute constituerait ainsi une rencontre brisée avec le monde : réfutation du monde tel qu’il est et du pouvoir tel qu’il agit notamment par la force. L’émeutier parcourt le monde et le brûle. « Le possible et la détresse se confondent dans un même geste ». Il y a quelque chose d’émouvant dans cette détresse collective qui s’adonne à ce qu’elle sait absurde mais qui dit toutefois sa résistance à une fatalité inacceptable. Une analyse et des explications argumentées qui font du bien tant elles dénotent avec les jugements rapides de ceux qui n’ont vu dans ces mouvements que manifestation de violences gratuites et vandales. 

ParJP. Lepoix

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