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C’est parce que les débats autour des questions écologiques prennent une place grandissante dans de nombreuses décisions d’équipes professionnelles que le Centre a jugé opportun d’en analyser une partie de sa dynamique et de confronter ces expériences aux questions de l’heure. Il n’y a pas une grande quantité de productions écrites ; c’est une chance et une limite car nous sommes rapidement confrontés aux engagements émotionnels, militants, de quelque bord qu’ils soient, avec leur radicalité et leurs condamnations, vite assénées.
Disons-le clairement nous n’avons pas examiné les arguments climatosceptiques car tel n’est pas notre cadre de référence commun et qu’il ne fait certainement que retarder les décisions à prendre : c’est bien l’environnement favorable à l’humain qui est remis en cause, dit Masson-Delmotte ; cette option doit devenir notre préoccupation civilisationnelle tant les bornes, 35-50 ans à venir, accentueront les dommages les plus à craindre à l’échelle de la planète.
Ces urgences sont au cœur des pressions que chacun·e d’entre nous subit et qui façonne ses réactions :
faut-il tout arrêter ?
devenir, à son échelle, exemplaire ?
revisiter tout notre enseignement ?
réinventer des actions plus proches de la nature, plus dépouillées, moins technologisées ?
La liste est fort longue et nous avons découvert que bien des initiatives se développent, non sans débats entre collègues mais portées par l’idée que l’on ne peut pas en rester à reproduire l’existant.
Constatons malgré tout que la voie de la responsabilité individuelle est fortement mise à contribution par les gouvernements et l’état, alors que leurs responsabilités propres, bien que parfois condamnées pour inaction, ne sont pas toujours clairement perçues par tous les protagonistes. L’exploitation présente du monde minéral et du monde vivant est le fruit de ce mode de production capitaliste où la richesse de quelques-uns·es est le résultat de l’immense exploitation de tous les autres humains. Pour les gouvernements, volontairement aveugles sinon, peu aptes à vouloir y mettre fin, invoquent des décisions de long terme, nécessaires bien sûr, sachant que le court terme contient tous les risques de rebellions.
L’histoire a légué des styles de vie qui, pour nos sociétés occidentales, rendent difficiles leurs transformations et les diminutions attendues sont nécessairement longues à produire leurs effets. Si nous pensons que les luttes pour faire advenir ces transformations sont nécessaires, et il y en a beaucoup, il faut constater, qu’en l’état elles sont loin aussi d’être aussi massivement suffisantes pour produire les décisions nécessaires.
Ce sont ces diverses problématiques que ce numéro aborde. Notre volonté est bien de faire connaître, soutenir les nombreuses initiatives car le moment est de faire plutôt qu’à observer, de les débattre aussi, parce que la conviction commune des changements est à bâtir ensemble et créer le mouvement social qui doit imposer une époque de l’humain reconstruit et respectueux de son écosystème.
La vivacité de nos débats dans la rédaction de ce ContrePied nous laisse espérer un courrier utile mais surtout nécessaire. Jean Lafontan