Wassyla Tamzali – Éditions Gallimard, 2009
D’abord, Wassyla Tamzali nous rappelle que Libération n’est pas Liberté. Si les peuples du Maghreb ont finalement gagné leur libération, à laquelle elle a d’ailleurs participé, en Algérie, pour autant chaque personne n’y a pas gagné pas sa liberté, et en particulier les femmes dont les droits n’ont jamais vraiment été l’objet de luttes.
Ensuite elle nous met en garde contre notre vocabulaire : autrefois, elle aurait été nommée « une femme arabe », aujourd’hui elle est devenue « une femme musulmane ». C’est dire la place que ne cesse de prendre la religion musulmane dans nos esprits pour désigner les populations du Maghreb et du Moyen Orient.
Ne pouvant dépasser notre culpabilité de pays colonisateur, il s’est agi pour nombre d’entre nous de « réparer le passé en permettant aux anciens colonisés de vivre selon leur culture, selon leur identité plutôt que d’affronter la domination économique et politique des anciennes colonies et celle du racisme ». Au nom de la diversité, trop nombreux sont celles et ceux qui font droit aux revendications culturalistes et identitaires. C’est ainsi que pour elle certaines féministes européennes ont rallié le « relativisme culturel » tournant le dos aux féministes du sud et à leurs combats pour l’égalité des droits des femmes.
Par exemple, elle montre combien le port du foulard est la porte entr’ouverte pour le voile, les robes longues, le burkini…etc. Les femmes toujours plus couvertes pour échapper au regard intrusif des hommes. Pourquoi donc les femmes doivent-elles se couvrir dans l’espace public alors que les hommes ont adopté les tenues occidentales ?
Elle porte encore un regard très critique sur la façon dont en France on a réglé la question du voile par le filtre de la laïcité, remettant une couche sur l’importance du religieux au lieu de porter le fer au nom tout simplement de l’égalité.
Elle nous bouscule, nous offre une lecture du réel du point de vue de la rive sud de la Méditerranée….et nous en avons besoin !
Les féministes européennes doivent retrouver les féministes du sud, car c’est ensemble qu’elles feront avancer l’égalité et son universalité…
Sylvaine Duboz