1970 : Les partisans de l’EPS et d’un sport humaniste se rassemblent

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Quel est le rapport de forces pour la cause de l’EPS en cette belle année 1970 ?


Un contexte compliqué
II faut d’abord prendre en considération les années 1967, 1968 et 1969 qui ont produit des effets contradictoires !
Les I.0 de 1967 ont légitimé l’exigence « politique » d’une EPS , moyen d’accès de tous à une culture sportive transformée.
Les événements de 1968 (10 millions de grévistes, une révolte sociale et universitaire) entraînent la création des UER EPS et maintiennent une forte pression sur les questions scolaires, universitaires et culturelles.
La politique du gouvernement de la majorité de droite, formé en juin 1969, va se situer entre reprise en mains et semblant d’ouverture sociale. J. CHABAN-DELMAS, premier ministre et sportif, est tenu de parler de « participation  » et de  » nouvelle société » et d’affirmer « les 5 h d’EPS, nous n’en démordrons pas ! ». 0. GUICHARD, ministre de l’EN, annonce une révolution pédagogique avec le tiers temps dont 6 h d’EPS au primaire. Les 5 h pour le second degré sont confirmées (« n’importe quoi ! » dira COMITI plus tard !) alors que les créations de nouveaux collèges se multiplient.
Cependant le budget du secrétariat d’état Jeunesse et Sports, avec COMITI à sa tête, voté en novembre dans un climat général hostile, se révèle en nette régression (0,65% du budget de l’Etat contre 0,69 en 1969).

Enfin, le nouveau SNEP – qui s’installe en 1969 (cf chronique précédente) – inaugure un nouveau style revendicatif en combinant action propre et recherche systématique de larges alliances (campagne d’opinion, grève le 10 mars 1970).

Les assises
Le Mouvement des Assises va s’appuyer sur toutes ces données. C’est un colloque « du Sport » du 4 mai 1969 réunissant 200 participants (Fédération des OMS, Comité national des sports, Syndicats de l’EPS, Parents d’élèves) qui lance l’idée d’Assises locales et nationales du sport . Celles-ci, à la demande du SNEP notamment, deviendront en septembre – Assises de l’Education Physique, du Sport et des activités de pleine nature.

Dix sept organisations constituent un comité d’organisation et des commissions préparent des dossiers sur les « besoins réels de tous les secteurs ». Jean GUIMIER, militant historique du SNEP, fût – au titre de la FNOMS – la cheville ouvrière de l’entreprise (étant moi-même délégué par le SNEP pour l’assister, j’ai pu le mesurer). Le SNEP s’engage à fond et édite un bulletin spécial, en appelant à éviter la confusion des secteurs mais aussi tout sectarisme.

Le mouvement s’élargit à 40 organisations : fédérations sportives affinitaires (Ufolep, Fsgt, Fscf), secteur socio-éducatif, médecins , etc… Trois cents assises locales se tiendront fin 1969 début 1970, en rassemblant plus de 30.000 personnes et donnant lieu à de nombreux commentaires de presse. Toutes les régions sont concernées. Pour la première fois à cette échelle, élus, enseignants, sportifs, parents vont débattre ensemble d’une véritable politique de l’EPS et des APS, en particulier en direction du VIème Plan. Les textes adoptés sont envoyés et rassemblés par le comité d’organisation pour préparer les synthèses finales.

A Paris, les 23 et 24 mai 1970, 647 délégués débattent et adoptent plusieurs textes importants – dont un sur l’EPS – qui intègrent les principales revendications du SNEP (voir extraits ci-joints).

La portée des assises
Ce mouvement ignoré ou sous-estimé par la plupart des historiens (J-L MARTIN le signale comme le fait du seul SNEP) va pourtant peser, notamment pour les recrutements (après les 800 de 1970, il y a 1030 postes au CAPEPS en 1971, 1050 en 1972 ) mais aussi en faveur des équipements sportifs.
On peut souligner que ce mouvement a concrétisé deux convergences unitaires qui se sont additionnées: celle de la mouvance laïque, plutôt de gauche (un programme commun PC-PS va être signé en 1972), celle de responsables de collectivités locales, de militants sportifs, de parents, plutôt apolitiques, le ciment commun – véritable fait de civilisation – étant l’aspiration à une culture physique renouvelée à l’école comme dans les loisirs.. Quant aux fédérations dirigeantes, elles avaient brillées pour l’essentiel par leur absence. Le mot d’ordre adopté de « doublement du budget Jeunesse et Sports » allait permettre la création d’un Comité permanent qui – pendant des années – va être à l’origine de grandes mobilisations unitaires de tous les intéressés. Au SNEP, une minorité contestera cependant ce mot d’ordre car ne voulant pas que l’on revendique l’augmentation des crédits pour le sport.
Une telle alliance – qui a été certes facilitée par la dépendance commune du même budget (jusqu’en 1981) et qui a connu aussi ses hauts et ses bas – a pesé dans l’histoire de l’EPS … On en rêve aujourd’hui !
Mais, fin 1970, que va faire COMITI, coincé entre la réalité impressionnante des besoins en EPS et son budget de pénurie … et avec ce rapport de forces compliqué ?… Que va t-il imaginer ? La suite au prochain numéro.

Extraits des résolutions des Assises demandent :
– des crédits supplémentaires pour la rentrée de 1970,
– le doublement de la part. du budget consacré aux activités physiques et aux loisirs dans le prochain budget.
Les Assises considèrent que les enseignants d’éducation physique doivent recevoir une formation équivalente à celle des autres enseignants, être formés à l’université et bénéficier d’une formation permanente. Elles estiment que la pénurie ne saurait justifier l’introduction  » d’animateurs contractuels  » sacs formation universitaire

L’ensemble du secteur de l’Education physique, scolaire et universitaire doit être partie intégrante du ministère de l’Education Nationale.