1994 : Les 4 H d’EPS en sixième, le dernier progrès ?

Temps de lecture : 4 mn.

C’est, en effet, le dernier progrès en date significatif en matière de démocratisation de l’EPS dans le second degré.
Nous verrons que c’est l’étonnante conjonction de plusieurs données de nature très différente qui peut  » expliquer  » l’événement.


Mais auparavant, que s’est-il passé d’important depuis 1989 hormis la scission de la FEN et la naissance de la FSU déjà évoquées qui ont permis au SNEP, avec la disparition du SNEEPS, de devenir le seul syndicat de l’EPS et de se renforcer.

Rappelons d’abord l’évolution significative des recrutements au CAPEPS.
Après les 533 postes ouverts en 1989, la  » tempête  » du second degré (89-90) va conduire pour 1990 à 844 postes puis, en 1991, c’est une nouvelle baisse avec 716 postes suivie en 1992 d’une remontée à 865, puis il y aura stabilisation à 820 en 1993 et 1994.
Quelques manifestations étudiantes ont parfois été utiles, le 22 novembre 1993 notamment avec 4000 manifestants à Paris !

A t-on manqué de peu par ailleurs les 3 h d’EPS pour les lycées en 1991 ? Peut-être, car malgré une pétition de 6000 signatures et un avis favorable du Conseil National des Programmes, le Ministère a finalement renoncé. La revendication sera relancée avec l’exigence d’un BAC EPS amélioré !

Enfin, fruit de multiples interventions depuis 1982, une circulaire interministérielle (EN, JS, Intérieur, Collectivités locales) du 9 mars 1992 comble très partiellement un vide institutionnel créé par les lois de décentralisation et va donner un point d’appui intéressant pour la création des équipements sportifs scolaires.
En avril 1992, Jack Lang succède à Lionel Jospin et un rapport rédigé après concertation par Alain Hébrard, chargé de mission, va proposer au ministre quelques mesures de progrès, hélas, juste avant la démission du gouvernement consécutive aux Législatives de mars 1993 ; 80 postes seront cependant spécialement attribués pour l’EPS à des établissements  » difficiles « .
Auparavant, un nouvel arrêté va consacrer le passage positif de 1 à 2 du coefficient de l’EPS au Bac mais aussi introduire clandestinement et malgré nos réserves le système des  » domaines d’actions motrices  » que l’on tentera ensuite d’imposer dans les programmes.

Fin 1993 !
La nouvelle majorité de droite et le gouvernement Baladur vont alors avoir une très mauvaise idée qui entraînera la création d’un rapport de force particulièrement puissant sur les questions de l’école. Le ministre de l’EN, François Bayrou avance un projet de loi d’aide supplémentaire à l’Enseignement Privé. A l’initiative de la nouvelle Fédération syndicale des enseignants, la FSU, à laquelle le SNEP est affilié, une très forte opposition va s’exprimer par une première manifestation en décembre. Puis le 16 janvier 1994, c’est tout le camp laïque qui manifeste à Paris : un million de manifestants !

Le rapport de force créé par cette immense manifestation, oblige, en plus du retrait du projet de loi, à l’ouverture d’une négociation globale sur l’école. De plus, en mars 94, l’opposition victorieuse de la jeunesse à la mise en place d’un  » smic-jeunes  » va plutôt faire réfléchir le gouvernement.

C’est donc dans le cadre des  » Tables Rondes pour l’école  » que le SNEP va défendre une série de mesures pour le développement de l’EPS. II va bénéficier de l’impact de la campagne d’opinion originale qu’il avait opportunément lancée dès octobre 93 sur le thème  » Donnons du corps aux études !  » avec affiches, tracts, pétition et appel de personnalités de la société civile. Piacenta, Herrero participaient à notre conférence de presse !

II va s’appuyer sur son succès aux élections professionnelles de décembre 1993 : 72% des suffrages pour la 1 ère fois pour toutes les catégories d’enseignants d’EPS, 15500 voix rassemblées !
Le SNEP va réussir à faire entendre face à des responsables ministériels inquiets de la crise des collèges, qu’il est nécessaire de prendre toute mesure favorable à la réussite des jeunes et à leur meilleure intégration, ce que peut apporter précisément un progrès de l’EPS en sixième lequel est d’autant plus nécessaire que le retard du 1er degré en EPS est connu. Soulignons enfin la solidarité méritoire du SNES, syndicat des enseignants du second degré, directement concerné par la répartition de l’horaire global des collégiens ainsi que l’appui de la FSU.

Fin mai, sous le titre  » saisir notre chance  » le SNEP appelait à signer une  » consultation-express  » pour faire confirmer la proposition n° 41 du  » nouveau contrat pour l’école « .

Tels sont les éléments qui, après 5 mois de négociations, ont permis d’aboutir en juin 1994 à la décision de porter  » au titre des apprentissages fondamentaux « , l’horaire d’EPS des 6ème de 3h à 4 h pour 360 collèges dés la rentrée 94, ceci assorti de l’engagement d’une généralisation en 1995( cela coûte 1600 postes !).
En même temps, le principe de la création d’une option EPS en lycée était obtenu.

Dés la rentrée 94, le Snep renouvellera sa pression pour une mise en oeuvre effective ; il publiera ses propositions pour la loi de programmation 95-99 et diffusera un 4 pages  » l’EPS, voie originale de réussite « .
Le 19 novembre 1994, aura lieu une importante manifestation fédérale et le 7 février 95 une forte grève unitaire pour la révision du Budget. Plus tard, après les Présidentielles de mai 95 qui verront l’élection de Jacques Chirac et au moment où se prépare le fameux Plan Juppé, il y aura quelques tentatives, de remise en cause des 4 h/6ème au nom de la globalisation des horaires et bien sûr, nulle volonté politique pour généraliser les 4 h à tout le collège ni pour décider les 3 h pour le lycée.
Nous en sommes encore là !

C’est pourquoi, afficher clairement le refus du statu quo, populariser l’exigence d’une nouvelle étape de progrès :  » 4 heures en 5ème, 3 heures en seconde ou en terminale !  » demeure pour la profession une ardente obligation !

(1) Voir la chronique précédente, bulletin n° 668, mai 2002.