Thierry Martinez, professeur d’EPS au Lycée Saint Exupéry à Marseille, membre depuis 1998 de la commission mixte nationale UNNS badminton, en charge de la formation des jeunes officiels. Il en donne les caractéristiques et les évolutions.
Thierry, en quoi le Badminton se distingue des autres APSA dans la formation de jeunes officiels ?
Une de nos spécificités était de proposer la possibilité pour un jeune officiel de pouvoir être aussi joueur pour l’équipe de son établissement scolaire et ce à tous les niveaux de championnat, mais depuis 2012, une uniformisation des règlements pour les activités sportives de l’UNSS nous impose de différencier ces deux statuts, (on est donc passé au niveau national de 114 « officiels-joueurs » en 2012 à 70 officiels en 2013). Nous avons renoncé avec regret à ce que nous considérions comme une richesse pédagogique. En effet, on constatait chez le joueur-officiel une certaine indulgence vis-à-vis de l’arbitre et des échanges constructifs dans les rares cas de contestation. De plus le joueur, pouvait utiliser dans le jeu les connaissances règlementaires apprises, par ex. le choix judicieux du tirage au sort en début de match.
Mais reste-t-il des éléments spécifiques à l’arbitrage en Badminton ?
Oui, notamment le fait qu’en badminton l’arbitre doit assumer simultanément plusieurs rôles, à savoir : juger les volants dedans ou en dehors des lignes du terrain et décompter les points. Pour la première compétence, il faut s’habituer à la vitesse du volant. Les officiels ne peuvent acquérir cette vision qu’avec l’expérience et le niveau de jeu dans lequel il évolue. Pour un match de district avec des joueurs débutants, la vitesse du volant est la plupart du temps plus lente qu’au niveau national et donc facilite le jugement.
La feuille de score est un élément complexe à gérer, car sa tenue nécessite des Aller-Retour permanents entre la marque et la gestion de la rencontre (vérification du placement des joueurs au service).En double, la gestion de la fiche implique une maîtrise que l’on exige seulement à partir du niveau académique.
En championnat de France, les rôles de juge de ligne, de service (très rarement mis en place) ou encore de table de marque deviennent spécifiques. Nous avons donc établi des contenus et des durées de formation différents en fonction des niveaux de jeu à arbitrer. L’emploi du vocabulaire approprié s’apprend progressivement pour terminer avec les rencontres internationales par un arbitrage en anglais.
Comment vous organisez vous pour former les jeunes officiels ?
La formation est entièrement assurée par les profs d’EPS, du district au France. Une progression des contenus est à disposition de chaque enseignant avec le livret de formation du jeune officiel (cf. document sur le site contrepied) complétée selon les académies par des journées spécifiques Jeunes officiels. Sur chaque compétition, un ou plusieurs enseignants experts sont strictement mobilisés sur la formation des jeunes officiels (ex: 10 profs d’EPS sur les championnats de France). Des stages de formation élaborés par les membres UNSS et les représentants fédéraux de la CNM sont également proposés à tous les enseignants.
Nous mettons nos officiels en situation de totale responsabilité et avec notre pleine confiance. Les championnats du Monde UNSS organisé en France en 2000 (Cergy) et 2006 (Tours) ont été entièrement arbitrés en langue anglaise par nos jeunes officiels. Des équivalences existent entre un niveau validé en UNSS et une certification fédérale (écussons de couleur). Il est vrai que les relations avec la Fédération de Badminton et la CNM sont facilités par la présence de nombreux profs d’EPS parmi leurs responsables.
Désormais la prise en compte du niveau national jeune officiel pour une note d’option EPS, nous oblige à un niveau d’exigence renforcé de nos validations (30 certifications en lycée pour 2013). De plus, avec cette nouvelle possibilité, la motivation des élèves change : avant 2012, ils étaient « officiels-joueurs » à présent ils deviennent davantage « officiels-option ».
L’arbitrage au Badminton est-il moins « stressant » que dans certaines activités sportives ?
L’attitude Fairplay fait partie de l’essence de l’activité avec notamment : le rituel du salut des adversaires et de l’arbitre ; le point rejoué si suite à un incident de jeu aucun accord n’est trouvé ; la possibilité offerte au joueur sur un volant jugé « out » de demander à inverser la décision de l’arbitre et rendre le point à son adversaire.
De ce fait, à ma connaissance aucun incident notoire n’est survenu dans les compétitions scolaires.
Le Jeune Officiel fait respecter le règlement à la lettre et dans son esprit. Son rôle principal n’est pas de régler les conflits, de sanctionner les joueurs mais de libérer les joueurs du souci du règlement afin que ceux-ci se concentrent uniquement sur le jeu. Ne pas mettre le jeu à son service mais se mettre au service du jeu, c’est le message que nous essayons de faire passer.
Entretien réalisé par Sébastien Molénat et paru dans le Contrepied Hors-Série n°8 – Badminton