« La saveur des savoirs » – Extraits

Temps de lecture : 2 mn.

Jean-Pierre Astolfi a été un didactitien majeur des sciences. Il a écrit notamment un livre référence : La saveur des savoirs. Dans le cadre du numéro spécial « EPS et Culturalisme » (2018) il nous a paru important, nécessaire, de livrer quelques extraits choisis pour leur pertinence, sur la question du sens et de la signification des savoirs, en renvoyant évidemment à la lecture complète du livre (référence en fin d’article).

Par Jean-Pierre Astolfi 1

(…) « On retrouve ici d’une autre manière la distinction que propose Vygotski entre la question de la signification et celle du sens. La signification est développée par le cadrage disciplinaire et ses concepts, alors que le sens nécessite une intégration au sein de l’expérience personnelle. La signification fournit une interprétation théorique qui peut être comprise par le sujet, sans qu’il l’incorpore pour autant à son système de pensée » 

(…) « Une signification dépourvue de sens risque de rester purement verbal, avec un apprentissage de mots se substituant à l’apprentissage de concepts. Inversement, un sens dépourvu de signification risque de laisse le sujet avec ses questions triviales et ses représentations initiales. La signification est donc forte, comme nouveau système explicatif, là où le sens est faible (explication ad hoc). Et inversement la signification est faible, avec risque de verbalisme, là où le sens est fort (richesse de l’expérience personnelle). On peut donc adopter la formule de Vygotski en disant que le sens et la signification doivent se développer mutuellement en prenant appui sur l’autre, le premier en germant vers le haut en direction de la signification, la seconde en germant vers le bas en direction du sens. »(…) « Nous retrouvons ici l’ancien cancre Daniel Pennac (2007), racontant que, devenu professeur, une conviction lui est restée : il fallait parler aux élèves le seul langage de la matière que je leur enseignais. Peur de la grammaire ? Faisons de la grammaire ! Pas d’appétit pour la littérature ? Lisons ! Pas de n’importe quelle manière, bien-sûr. D’une façon qui restaure le sens avec les moyens même de la matière. Il ajoute quelques pages plus loin : la présence de mes élèves dépend étroitement de la mienne, de ma présence à ma matière aussi, de ma présence physique, intellectuelle et mentale, pendant les 55 minutes que durera mon cours. L’écrivain d’aujourd’hui, qui ne parle pas la langue pédagogique, a parfaitement compris les vertus de la saveur des savoirs pour les élèves en difficulté et la force que leur procure l’engagement dans la matière obscure, pourvu qu’on la leur désigne obstinément au-delà des échecs rencontrés. »

Article paru dans Contrepied EPS et Culturalisme – HS n°20/21 – Mai 2018

  1. extraits de « la saveur des savoirs », ESF éditeur, 2e édition, 2010. Jean-Pierre Astolfi, décédé en 2009, était professeur en didactique des sciences à l’Université de Rouen.

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