Le sport et la cité

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Christian Benezis, nous a présenté la politique concrète qu’il mène dans son département. Un débat a suivi l’intervention. Toutes les politiques se valent-elles ? Sont-elles efficaces ? À vérifier pratiquement.

Les politiques territoriales et sportives peuvent-elles être au service de la démocratisation ?

Le Conseil Général 34 vise une politique pour tous sur tous les territoires. Le sport n’est pas une compétence obligatoire des collectivités territoriales mais l’enjeu du sport et de la santé est pour nous pleinement politique.
Le conseil général essaie de supprimer le peu d’aide qu’il apportait encore au sport professionnel. Sur les 22 millions de subventions, 3 sont consacrés au sport professionnel. Pour 2012, on souhaite supprimer ces aides et les redistribuer aux nouvelles politiques de la jeunesse : par exemple le département va payer à la rentrée prochaine -2012 -la licence UNSS à tous les 6es, soit 700 000 euros, et chaque année s’ajoutera un niveau scolaire.

Il est fait des choix politiques, d’autant plus faciles que la majorité politique est largement à gauche.

Entre l’enjeu éducation nationale et l’enjeu politique locale, les décisions étaient parfois difficiles, certains IA nous faisant un procès d’ingérence à chaque fois que l’on intervenait dans une école. Les choses ont évolué depuis deux ans. Il y a des trous énormes dans le système éducatif et on les comble.

Notre outil c’est Hérault sport. Hérault sport est un centre de ressource logistique.
150 éducateurs plein temps et 250 vacataires que l’on recrute essentiellement à l’UFR STAPS ou au CREPS animent cette association qui dispose de 50 véhicules, 8 cars podium, 5 tours d’escalade, 250 VTT, récompenses, etc.

Le dispositif est basé sur des coproductions avec le monde sportif (800 Manifestations chaque année). Hérault sport ne distribue pas d’argent, il fournit des prestations. En 2011, 2500 journées ont été organisées dans les quartiers en difficultés, les ZUS et ZRS (zone rurale sensible), 2500 jeunes et 1000 personnes âgés sont suivis tout au long de l’année.

Bien sûr on continue à aider nos 80 comités techniques départementaux, mais à coté de cela on souhaite aider la population. Dans les villages structurés où le réseau associatif fonctionne bien, on n’intervient pas. On apporte notre complément, notre valeur ajoutée lorsque c’est difficile, et malheureusement les petites communes n’ont souvent pas de service des sports et on se pose en relais pour leur donner les forces qui leurs manquent. Tout le réseau associatif est lié à Hérault sport avec trois priorités : les jeunes, les femmes, les minorités ethniques.

L’enjeu est vraiment politique. Il y a 30 ans Hérault Sport a été créé dans le cadre d’une association loi 1901, avec 50 000 francs, aujourd’hui le budget est de 9 millions d’euros. « On n’a pas voulu rentrer dans le cadre d’un service administratif du conseil général, pour ne pas être dans une tour d’ivoire. Il est vrai que sans le bras séculier du département, et sa volonté politique il n’existerait pas, mais c’est un outil de terrain à la disposition du monde sportif, des enseignants, il ne faut pas qu’il intègre l’administration ». En France on a toujours travaillé dans la verticalité, ici on travaille dans la transversalité. Nos budgets viennent aussi de la solidarité, de la santé.
à un tel niveau, c’est un dispositif territorial unique en France. Il atteint aujourd’hui sa plénitude, car le conseil général a souhaité maintenir cette structure sous forme associative ouverte. Le nouveau CA est composé de 7 Conseillers Généraux, et 14 membres issus du milieu fédéral.

Réflexions critiques soulevées dans l’auditoire lors de la communication de Mr Benezis :

En raison de la nature associative d’Hérault Sport, le statut de ses éducateurs sportifs, en CDI ou CDD, ne leur permet pas d’être titularisés comme agents territoriaux et rend précaire leur position sociale dans le champ des métiers de l’enseignement du sport.

L’opération qui est menée ici est intéressante du point de vue de la réflexion des nouvelles responsabilités publiques sur le sport, mais le point noir reste le rapport à la structure publique de gestion du Conseil Général. L’Etat s’est bureaucratisé en même temps que sont nées les politiques financières et d’inégalités de répartitions des richesses. On a donc à repenser la démocratisation des structures publiques, c’est le vrai enjeu politique. Hérault sport contourne le problème en revisitant dans la forme les jeunesses ouvrières d’après-guerre, ainsi le conseil général favorise une politique d’agence or les agences se mettent en place contre les politiques de service public.

La politique très volontariste de démocratisation du sport du conseil général n’échappe pas à certains dilemmes : confusion entre égalité d’accès pour tous et équité ; budget départemental qui se supplée au désengagement de l’état en matière de politique sportive. Le paiement de la licence UNSS pour tous les 6e quelles que soient les ressources des familles et dans un contexte où la licence augmente en raison de la baisse de la subvention de l’état, en est un exemple.

La pérennité de cette structure est très dépendante d’une volonté politique. De plus sa nature juridique associative lui confère une fragilité en cas de changement politique.

Selon Mr Benezis[[Vice-président du conseil général de l’Hérault, délégué à la santé, la prévention, la jeunesse, aux sports, aux loisirs, et président de Hérault-Sport.]] l’avenir d’Hérault Sport passera par le statut de Groupement d’Intérêt Public.

Ce texte est paru dans Contrepied HS n°4 – sept 2012 – Sport demain, enjeu citoyen