Constituer le groupe en danse et …plus !

Temps de lecture : 6 mn.

Ces jeux et situations ont été expérimentés à de nombreuses reprises en EPS et lors de stages de formation. Ce sont des situations de jeu simples qui ne mettent personne en danger, qui donnent confiance en soi, qui apaisent la peur du regard des autres en apprenant progressivement à accepter le regard des autres, à placer son regard en osant regarder droit devant soi.  

Par Hervé Cochet, Sylvaine Duboz, Brigitte Flippe, Françoise Torrent

Elles permettent de rentrer dans des situations de présentation aux autres tout en improvisant en éliminant la peur. 

Ces situations peuvent se décliner sur plusieurs leçons.

Chacun·e pourra « picorer » à son gré !

Les prénoms

En cercle. Chacun dit à haute voix son prénom, dans un sens puis dans l’autre, deux fois.

Chacun dit le prénom de son voisin de droite et le regarde. Idem à gauche.

Chacun dit le prénom du voisin de son voisin de droite.

Consigne : « Je me déplace vers le centre du cercle, je me dirige vers quelqu’un, je m’arrête devant lui, le regarde et dit son prénom et je prends sa place. »

On pourrait faire les mêmes choses en proposant de crier, chuchoter, chanter le prénom. On peut aussi accompagner le prénom de gestes.

La chaîne

En cercle, on se donne la main.

On coupe la chaîne (deux élèves se lâchent les mains).

But : faire un « nœud » le plus serré possible : le/la prof se déplace en passant sous les bras d’élèves ou par-dessus et ce jusqu’à ce que plus personne ne puisse se déplacer.

Puis « défaire » le nœud jusqu’à retrouver un cercle.

Consignes : ne jamais lâcher la main de ses partenaires.

Critère de réussite : réalisation d’un nœud le plus serré possible, jamais la chaine ne se rompt.

Cela entraîne des contacts parfois très proches sous forme de jeu.  

Le totem du groupe

Toujours en cercle.
Le prof démarre. Il fait un geste ou une courte séquence (G1). Tout est possible, mais pas trop difficile.
A l’unisson, tout le monde répète 5 fois.
Puis le suivant réalise le premier geste (G1) et ajoute le sien (G2), le groupe répète 5 fois.
Puis le suivant enchaîne G1, G2 puis ajoute son geste (G3). Le groupe répète 5 fois…etc.
On arrête au bout de 8 à 10 personnes pour des raisons de mémorisation. On poursuivra les séances suivantes.

On peut ensuite répéter plusieurs fois ensemble le totem et en profiter pour préciser certains détails. Le totem, c’est la phrase du groupe, de la classe, leur carte d’identité dansée, leur danse de ralliement. [Inspiré de Coltice (M.), Vers un pratiquant cultivé en EPS, DVD, CNED Grenoble, 2005.]

Le jeu des regards

En cercle, une personne avance en projetant son regard vers l’avant, regarde une personne, va vers elle, s’arrête devant elle et dit son prénom. L’autre donne son prénom en réponse et change de place.
On enchaîne jusqu’à ce que tout le monde soit passé au moins une fois. Il peut y avoir plusieurs personnes qui traversent le cercle en même temps.
Une personne démarre en faisant tout le tour du cercle et en regardant dans les yeux chacun.e de ses partenaires.

Cela parait simple, mais les élèves ont du mal à poser leur regard et croiser celui des autres. Il faut leur laisser du temps.

Les marches, travail d’écoute

Il faudra que les élèves apprennent à accepter avec bienveillance les regards que l’on croise, on change de direction par le regard, on prend le regard d’un danseur, et on le garde, on ne le quitte plus, on reste en connexion par le regard, que se passe-t-il ? Retournements, on se percute, marches plus latérales (« en crabe »)

Remarque : importance tout en gardant le regard de l’autre (vision focale) d’ouvrir son propre regard, « d’être à l’écoute » (vision périphérique)

On prend position dans l’espace, immobile, regard périphérique, concentré, relâché, bien ancré dans le sol.

Partir et s’arrêter en même temps

« Quand tout le monde sera immobile, je dirai lumière. Alors, vous attendrez encore un peu et quand quelqu’un démarrera une marche, par magie tout le monde partira quasiment en même temps. Le critère de réussite, c’est que le spectateur ne discerne pas qui déclenche. Quand quelqu’un s’arrête, tout le monde s’arrête. On se déplace avec une marche soutenue. »

Remarques : au bout d’un moment, les élèves ont tendance à tourner en rond, délaisser le milieu de l’espace et ralentir. Rappeler que les déplacements sedans tout l’espace, les changements de direction se font par le regard.

On peut se frôler, se déplacer en arrière en regardant par-dessus son épaule pour ne pas cogner quelqu’un, se suivre.

On attrape les regards de ceux que l’on croise. On tient les regards le plus longtemps possible (cela implique un retournement et une marche en arrière).

Se déplacer à la même vitesse

On marche à l’écoute, on accélère ensemble jusqu’à la course, on ralentit ensemble jusqu’au « slow motion ».

Se déplacer en fonction d’un ou deux partenaires, utilisation de la vision périphérique 

  • Départ à l’écoute + consigne : « On choisit une personne et on doit toujours l’avoir dans son champ visuel ».
  • Départ à l’écoute + consigne : « on choisit une personne et on ne doit jamais l’avoir dans son champ visuel ».

Cela produit des déplacements qui écartent les danseurs et danseuses.

  • Départ à l’écoute + « On choisit 2 personnes, on les garde en permanence dans son champ visuel.

Cela produit des déplacements plus recentrés.

  • Idem + on coupe le fil virtuel entre ces 2 personnes  en courant. 

Cela provoque des accélérations, des ralentissements, des marches arrière, des changements d’orientations…etc.).

  • Idem + « On choisit 2 personnes, on les garde en permanence dans son champ visuel. On s’arrête en se plaçant en triangle à équidistance des 2 personnes choisies »
  • On choisit une partie du corps de quelqu’un et une partie de son corps.

But du jeu : qd on va toucher la partie du corps du partenaire avec la partie de son corps choisie, les deux s’arrêtent. Et les autres font de même.

Cela introduit des « fresques ou sculptures collectives et même des déplacements parfois collectifs sans perdre le contact avec son partenaire.

Ex : je rentre en contact avec quelqu’un qui lui-même est déjà  en contact avec une personne, elle-même en contact avec une autre, ou bien je me suis arrêté·e une personne entre en contact avec moi, une autre avec cette personne, mais je dois aller vers la personne avec tout ce petit groupe vers la personne que j’ai choisie. C’est parfois très drôle.

Se déplacer dans la salle, s’arrêter et repartir

  • Tout le monde part en même temps, se déplace en lignes brisées, et chacun·e quand il, elle en a envie, s’arrête en sculpture dans une position de son choix, y reste 5 secondes) et repart.

On a le droit de se copier mais pas en miroir.

Il est important que quelques élèves maintiennent les marches.

  • Idem, mais quand quelqu’un s’est arrêté·e en sculpture, je peux venir réaliser la mienne dans la sienne ou le ou la toucher sans le, la bousculer.

Le, la danseur/se qui repart en premier fait attention au partenaire pour ne pas déformer sa sculpture.

Immanquablement, cela entraîne des contacts, des jeux à deux, voire à plusieurs.

  • Idem, mais après la première sculpture, enchaîner une deuxième au ralenti.

Là encore, un·e autre danseur/danseuse peut venir s’intégrer dans la sculpture d’un·e partenaire.

Dès la mise en place des marches et leurs évolutions en fonction des consignes, il est important de diviser la classe en deux groupes en fin de séquence.

L’enseignant·e proposera au premier groupe des consignes et les élèves présenteront devant les autres.

Les spectateurs et spectatrices devront proposer chacun·e un titre à ce qu’ils et elles ont vu, ressenti.