Film documentaire, 2022 – Françoise Davisse et Carl Aderhod.
Françoise Davisse est une réalisatrice et scénariste chevronnée de films documentaires engagés couvrant des thématiques culturelles, historiques et sociales. Elle s’intéresse par exemple à la construction de la Nation française à travers différentes générations d’immigré·es, aux violences policières, aux luttes des ouvriers et ouvrières de PSA, bref elle met en lumière celles et ceux qui habituellement sont dans l’ombre. Il faut courir voir ses films ! (enfin il suffit d’ailleurs de cliquer ici :))
Dans la série « Histoires d’une nation », Annick Davisse et Carl Aderhod consacrent un documentaire entier à l’histoire de l’école plongée dans la « grande histoire » et pointent les contradictions d’une école qui, si elle a pu être vecteur d’émancipation sociale, n’en reste pas moins une redoutable machine de hiérarchie sociale. Une école qui permet une émancipation des filles (F. Dolto) mais qui est capable de renvoyer des jeunes qui veulent réussir à leur milieu populaire (A. Ascaride ou A. Ernaux), une école qui grâce aux allocations familiales a permis à des milliers d’enfants d’étudier mais qui ne permet pas toujours aux jeunes élèves d’accéder au métier de leur rêve. Daniel Pennac qui a souffert à l’école ne dit-il pas : tout le mal qu’on dit de l’école nous cache le nombre d’enfants qu’elle a sauvés des tares, des préjugés, de la morgue, de l’ignorance, de la bêtise, de la cupidité, de l’immobilité, ou du fatalisme des familles.
Les deux documentaristes posent même la question : le principe de l’école pour tous et toutes est-il « une arnaque depuis le début ? ».
En effet, l’école malgré des avancées, n’est-elle pas organisée structurellement autour d’une ségrégation qui se réinvente au cours de son histoire, une école qui ne réussit jamais à se transformer pour la réussite de tous et toutes contrairement aux espérances et aux croyances profondément ancrées dans nos esprit, reflétant finalement l’histoire de notre société ?
Par Sylvaine Duboz