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Notre préoccupation de travailler sur une activité, l’ultimate, encore peu pratiquée en scolaire, comme bien d’autres, n’est pas anodine.
Curieusement elle est apparue comme dotée d’un halo, fugacement anti-compétitif, anti-normes, un peu loin des activités les plus socialement ancrées, presque désignée comme activité scolaire par « excellence ». Le débat a fait tomber ces constructions temporaires pour la constituer en un sport collectif dont les plus grosses difficultés ont bien été de cerner sa spécificité, de comprendre ses règles constitutives, en écartant ses aspects les plus ordinaires, comme bien d’autres inventions de sports, et le comprendre dans sa dynamique propre.
Nous avons voulu traiter l’ultimate comme sport, comme le sont tous les efforts entrepris par sa fédération gestionnaire pour l’établir aux niveaux national et international. Il est dans le bain du processus de sportivisation, défendu par Norbert Elias.
Nous pouvons supposer, pour la partie de nos collègues qui suivent attentivement nos travaux, que notre « culturalisme » peut être questionné, pour sa démarche de conquête vers de nouvelles frontières. Certes, quelques contradicteurs et contradictrices ont trop facilement perçu notre « culturalisme » comme lié à un patrimoine nécessairement ancien, « traditionnel » et que l’histoire a suffisamment validé pour être intégré aux contenus de l’EPS que nous défendons. C’est ainsi que la CO, l’escalade, l’acrosport, ont été des activités pionnières dans nos choix, qu’elles sont des « traditions inventées » (« récentes ») mais qu’elles ne vivent pas dans l’opposition avec des traditions « authentiques » dont l’histoire leur donnerait un label de continuité et de référence irrévocable. Le culturel surgit, s’invente, vit, se développe et il ne tient qu’à notre réflexion collective de l’instituer en discipline d’enseignement en dégageant les qualités propres qu’il porte ; elles sont autant de nouvelles finalités traduisant un imaginaire, une nouvelle forme d’assimilation athlétique du réel, figure transitoire, à cette étape, d’une individualité d’époque. Nous assumons ce rôle de veille culturelle. Rappelons que le badminton, très scolaire à ses débuts, connaît aujourd’hui un réel rayonnement.
La dynamique scolaire que nous souhaitons impulser pour toutes les activités que la profession enseigne, est à analyser scrupuleusement. Elle doit vivre dans les débats professionnels que la pratique suscite. Emparez-vous des orientations que nous avons produites et engagez le débat.
Jean Lafontan