Un jeu et un sport mixtes

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Raphaël Sachetat, président de « Bad sans frontière » dresse un panorama de la diffusion du badminton dans le monde, activité sportive qui doit sa fulgurante diffusion à son caractère convivial mais aussi à sa sportivisation plus récente en France.

On parle de l’existence de ce genre d’activité depuis des temps fort éloignés en Chine. Mais il faut bien avouer que c’est en Inde qu’il se développe vraiment notamment à partir d’une ville appelée Puna avec des règles basiques, un filet bas, de petites raquettes et un volant. Ce sont les Anglais qui édictent les règles et c’est donc dans tout leur empire, les pays du Commonwealth, comme la Malaisie et l’Inde que se déroulent les premières compétitions.
Mais ce sport connait un succès parallèle sous sa forme ludique dans d’autres pays comme la chine ou l’Indonésie (…)

Cette activité pénètre la France par la Normandie, où est créé le premier club et où l’ensemble des règles sont mises en application correspondant globalement aux règles actuelles. Puis se constituera plus tard la fédération qui est toute jeune puisqu’elle n’a que 26 ans, gagnant son autonomie vis-à-vis de la fédération de tennis qui a accueilli les premiers joueurs dans un premier temps.

à l’international, la pratique est différente. En Chine, par exemple, des millions de gens de tous les âges, pratiquent le badminton dans les parcs, et leur équipe nationale est la plus forte du monde ( cinq titres olympiques à Londres). En Indonésie, c’est pareil, avec beaucoup de jeunes qui s’identifient à leurs idoles et jouent dans la rue. Dans ces deux cas, pratique d’élite et pratique de masse sont complémentaires et s’alimentent mutuellement. En Europe, c’est le Danemark qui domine : reposant sur une forte tradition et une conception du jeu portée à la fois sur la puissance et sur la tactique, ils ont su gêner leurs adversaires et ont accumulé de nombreux titres de champions du monde. Leur système consiste en un recrutement dès le plus jeune âge, tourné essentiellement vers la compétition et accompagné d’une pratique de loisir extrêmement développée. Il faut ajouter aujourd’hui le Japon qui conteste les anciennes hiérarchies et prend une place de plus en grande au niveau international.

Aujourd’hui la FFB accueille les Internationaux de France, compétition qui fait partie des douze évènements internationaux les plus prestigieux dont trois seulement sont organisés en Europe ( Angleterre, Danemark, France). Près de 300 joueurs, de 30 pays parmi lesquels la Malaisie, le Japon, la Corée et la Chine vont se disputer les trophées. Désormais la France joue dans la cours des grands : sponsoring renouvelé, médiatisation assurée par l’équipe21, la fulgurante ascension de ses licenciés et son orientation résolue vers une élévation du niveau de pratique vont lui assurer un réservoir important en vue des prochains défis.

Quelle est l’évolution de la pratique en France ?

La fédération a créé un système de bad-pass, sorte de plumes colorées correspondant à des niveaux, comme pour les ceintures en judo par exemple, devant l’afflux du public et la nécessité de garantir un niveau de formation répondant à la demande les jeunes commencent très tôt à jouer et nous entrons dans une période où les nombreuses compétitions voient éclore un nombre important de jeunes de très bon niveau. Il nous manquait un porte-drapeau, une figure à qui s’identifier pour galvaniser encore nos jeunes joueurs. L’arrivée d’une jeune chinoise Pi Hongyan en 2004 a joué ce rôle moteur, fortement médiatisée en qualité de 2e joueuse mondiale, Hongyan a été une véritable locomotive pour la pratique sportive de haut niveau chez nos jeunes pratiquants.

Comment caractériser la « culture bad » ?

Pour qu’un sport se développe, il faut trois conditions : une pratique de masse à l’école, un ou des champions reconnus et charismatiques, une médiatisation. On peut dire que le phénomène badminton constaté aujourd’hui vient d’abord de l’école où c’est la première activité pratiquée à L’UNSS.

Etre joueur, joueuse de badminton c’est participer à des entrainements collectifs, souvent en famille, garçons et filles mélangés, les copains, les copines. C’est ainsi que souvent on voit des familles entières venir au gymnase le soir, tous y ont leur place, avec des garçons et des filles sur le même terrain. Il y a trois ans, il y avait 40% de licenciés filles et une commission féminine a été créée à la fédération. Les compétitions mixtes sont nombreuses et se déroulent dans un état d’esprit de rencontre. C’est le cas des interclubs par exemple où les familles viennent soutenir comme dans d’autres sports mais où tout le monde joue puisque tous y ont leur place. Cela crée une atmosphère très conviviale et détendue.

Entretien réalisé par JP Lepoix et paru dans le Contrepied Hors-Série n°8 – Badminton