Contribution signée Didier Delignières, PU Montpellier
Quelques principes généraux sur l’École.
Je retiendrai quatre principes, qu’il convient évidemment de considérer en système.
C’est en premier lieu l’approche curriculaire, que je considère comme une avancée majeure pour le système éducatif. J’en retiens surtout l’exigence d’utilité de l’École, pour l’élève et le futur adulte,
et aussi le principe d’éducabilité généralisée, qui est une base essentielle pour faire évoluer favorablement le système scolaire.
Je considère néanmoins que l’enseignement doit reposer sur l’étude d’objets scientifiques et culturels. En ce qui nous concerne, il me semble que l’EPS peut s’appuyer sur une conception rénovée de la culture, passant d’une idée d’une culture savante, considérant les pratiques de référence comme des réservoirs patrimoniaux de savoirs et de techniques, à celle d’une culture en action, ou culture praxique, prenant en compte l’activité réelle des individus et des groupes qui font exister et se développer ces pratiques.
De ce point de vue, l’EPS devient de manière naturelle une éducation à la citoyenneté et à la complexité des projets.
On ne sera pas surpris de mes engagements pour la pédagogie des compétences, qui constituent la ligne la plus persistante de mes contributions. Il s’agit pour moi d’une piste nécessaire, dont les contours restent encore à préciser.
C’est enfin le rôle éducatif de l’École, qui ne peut plus se réfugier derrière la neutralité des contenus disciplinaires, et a la responsabilité de transmettre des valeurs, des attitudes face aux grands problèmes sociétaux. Les enseignants doivent accepter que leurs missions évoluent, qu’ils doivent considérer les élèves autrement que comme des systèmes cognitifs confrontés aux savoirs disciplinaires, mais comme des personnes qu’il est nécessaire d’accompagner dans leur construction personnelle.
Les finalités de l’EPS
A quoi sert l’EPS dans le système scolaire ? J’avancerais deux finalités, qu’il me semblerait nécessaire de placer en tête de pont des réflexions sur son enseignement.
- La première serait de permettre à chaque élève de construire une motivation durable pour la pratique des activités physiques,sportives et artistiques.
- La seconde serait de former chez les élèves, dans l’étude des activités physiques, sportives, et artistiques, d’attitudes d’intérêt à autrui,de respect d’autrui, et d’acceptation de la nécessité de règles collectives.
Ces deux finalités me semblent définir ce que l’EPS peut apporter de plus utile, de plus essentiel aux élèves, et aussi ce qu’elle peut leur apporter de plus spécifique dans l’École actuelle.
Ces finalités ne déterminent pas une EPS qui perdrait de vue le corps, la motricité, ni les APSA. Par contre, elles fixent un cap pour ce qui devrait réellement s’enseigner en EPS.
Mises en œuvre
L’EPS doit préserver les aspects essentiels de ce qui donne du sens aux pratiques sociales. Les formes scolaires de pratique doivent concentrer la complexité des pratiques sociales dans l’espace-temps de l’EPS.
Les séquences d’enseignement devraient être systématiquement finalisées par des événements, sportifs ou artistiques, balisant la mise en projet des élèves et lui donnant du sens.
Cette mise en projet devrait être réalisée au sein de collectifs stables, qui devraient travailler ensemble sur des durées suffisamment longues pour construire leur cohésion, et agir en tant que communautés d’intérêt. Le groupe n’est pas une variable didactique permettant de « faciliter l’apprentissage », mais son fonctionnement et sa dynamique représentent ce qu’il y a à apprendre, et cet apprentissage du « faire ensemble » est essentiel.
Les élèves ne doivent pas s’engager dans les activités en zappant de séances d’initiation en stages de découverte, mais de manière durable et dans une perspective de maîtrise et de progrès. Une
compétence ne saurait se développer et procurer de la satisfaction aux élèves sans prendre corps dans une maîtrise technique avérée.
Pour donner davantage de sens aux projets et de résonnance aux événements terminaux, il semble nécessaire de revenir régulièrement sur les APSA programmées, évidemment dans le cadre de projets de plus en plus complexes, et d’exigences de plus en plus élevées en termes de niveaux de réalisation.
Dans une telle conception de l’EPS, la question des différences ou des homologies entre APSA et EPS ne se posent plus vraiment.
Ce sont les APSA qui est enseigné en EPS, ce sont les APSA sport qui est étudié par les élèves