Donne-moi tes performances (points et temps), je te dirai quel niveau de compétence tu as atteint

Temps de lecture : 4 mn.

Edith Thua illuste cette idée en course de haies ( niveau 1). Elle est professeur d’EPS au collège Emile Cizain de Montluel (académie de Lyon)


Quel est le contexte évaluatif ?

Nos élèves parcourent un 35 mètres chronométré avec 3 haies à la hauteur du genou (+/- 60 cm), espacées de 10 mètres entre elles.

Nous avons fait le choix des haies basses avec un espace inter-obstacles long de manière à ce que les élèves puissent faire 6 appuis et soient en mesure d’arriver avec de la vitesse devant chaque haie.

La première et la deuxième haie sont aménagées avec des balises placées au sol avant et après l’obstacle. Elles matérialisent des zones d’appuis possibles chez l’élève au moment de son appel et de sa reprise active derrière l’obstacle.

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Les balises bleues valent 3 points. Elles correspondent à une distance d’attaque de deux fois la hauteur de la haie et à une distance de reprise égale à une fois la hauteur de la haie.
Les balises jaunes valent 2 points. Elles correspondent à une distance d’attaque d’une fois la hauteur de la haie et à une reprise d’une fois et demi la hauteur de la haie. Les balises rouges valent 1 point. Elles correspondent pour l’attaque à une fois la hauteur de la haie et pour la reprise 1/2 fois la hauteur. Donc un élève peut marquer jusqu’à 6 points par haie et 12 points par parcours.

La grille évaluative est la suivante :
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Quelle est la compétence que nous cherchons à faire construire et à repérer sur ce dispositif ?

Pour avoir une bonne note, l’élève doit avoir une foulée de franchissement ample (3 fois la hauteur de la haie). Cette foulée ne peut être construite que si l’élève arrive avec de la vitesse devant l’obstacle et oriente ses forces de poussée vers l’avant au moment de l’appel. En définitive l’amplitude de sa foulée est révélatrice de sa capacité à lier efficacement course/appel ce qui lui permettra de perdre moins de temps dans son franchissement.

Que peut faire l’élève ? Nous pouvons trouver trois types d’organisation.

Le coureur franchisseur : (zone verte sur la cible) :

Il est capable d’arriver vite devant la haie et d’orienter ses forces à l’appel vers l’avant en prolongeant son action sur l’appui devant la haie.

Axe de transformation possible : Aller plus vite en augmentant la fréquence

Le coureur sauteur : (zone blanche sur la cible)

Il est capable de bondir d’un pied sur l’autre, mais la réorientation de son centre de masse à l’appel se fait encore trop vers le haut lors du franchissement ce qui lui fait perdre du temps.

Axe de transformation : « s’engager sur l’avant » pour diminuer le temps de suspension non moteur.

Le sauteur : (zone rouge sur la cible)

Il est capable de franchir la haie mais en se donnant du temps pour s’élever et en se réceptionnant sur deux pieds décalés dans le sens antéro-postérieur derrière la haie.

Axe de transformation : structurer spatio temporellement l’espace inter-obstacles pour arriver vite et précis.

Vers une activité de performance

Dans ce contexte les élèves vont jouer avec le dispositif pour chercher à améliorer leur note. Pour ce faire, plusieurs stratégies sont avancées par ces derniers : soit « je me moque des points, ce que je veux c’est améliorer mon temps ! », soit « je veux marquer plus de points, car il ne m’est pas possible d’améliorer mon temps, je suis déjà à fond ».

Quelles que soient leurs stratégies ils cherchent à faire plus, ils sont donc engagés dans une activité de recherche de performance où ils cherchent à diminuer le temps et/ou agrandir l’espace. Ils sont donc bien confrontés au problème des activités athlétiques et au problème que posent les haies : perdre le moins de temps possible lors du franchissement.

Mais pour s’inscrire dans la résolution de ces problèmes, ils sont obligés de faire mieux en terme de coordination bras/jambes, en terme de dissociation de la jambe d’attaque et d’esquive pour attaquer dans l’axe.

Donc cette recherche de performance didactisée permet à l’enseignant d’identifier un degré d’acquisition de la performance, de cibler l’axe de transformation prioritaire et permet à l’élève de donner du sens à ses apprentissages et de voir très rapidement la qualité, l’étendue de ses progrès.

Mais tout ceci n’est possible que si l’élève est en recherche d’une vitesse maximale. C’est pourquoi ce dispositif doit être progressivement introduit dans le cycle.

Cet article est paru dans Contrepied n°10 – Performance, un droit pour toutes et tous ! – sept 2014