Contribution signée Joseph Boulc’h, Lycée agricole Rennes, Thierry Raynal, Lycée agricole de Saint-Lô
L’enseignement agricole propose des formations aux jeunes et adultes pour exercer les métiers liés à la production (nourrir la population), la transformation, l’entretien des espaces, la gestion des ressources naturelles …Dans le contexte du 21° siècle, c’est un véritable défi pour le secteur agricole. Il s’agit de respecter la nature, le vivant mais aussi d’assurer des revenus décents à ceux et celles qui choisissent d’en faire leur métier.
Il accueille un public varié: des élèves de 4° et 3° technologiques, des élèves en formation professionnelle courte (CAP, Bac Pro), des élèves en formation technologique et générale et enfin des étudiants en BTS, licence professionnelle et classes préparatoires. Ces formations diversifiées sont parfois méconnues des partenaires de l’Education Nationale ; le lien avec les collèges est un enjeu pour mieux les présenter et attirer davantage de jeunes.
Les politiques éducatives liées à l’apprentissage viennent concurrencer les formations initiales et un nouvel équilibre est à rechercher pour faire face à cette problématique. L’évolution du monde agricole et rural (moins d’agriculteurs) se traduit par un public qui est de moins en moins issu de ce milieu. C’est une ouverture mais cela ne va pas sans poser des difficultés lors des stages de formation professionnelle.
Dans ce contexte comment se situe l’enseignant d’EPS et et notre discipline ?
Comment se situe l’enseignant d’EPS et et notre discipline ?
L’enseignant doit s’adapter aux différents niveaux de formation et aux programmes propres à chacun d’entre eux. Les programmes d’EPS se calquent sur ceux de l’éducation nationale même si à la marge il existe quelques spécificités : par exemple 2 CCF en bac technologique dont un dès la classe de première. Chaque équipe pédagogique définit son projet d’EPS, explicite les attendus de fin de lycée (AFL). L’évaluation se complexifie mais la réduction horaire se poursuit: une heure de moins en bac technologique et professionnelle et en bac pro sur les 15 dernières années. Nous nous accordons à souligner l’écart entre des programmes et des procédures d’évaluation de plus en plus ambitieux et la difficulté de les mettre en œuvre avec une seule leçon hebdomadaire.
La continuité pédagogique est aussi mise à mal par la succession des stages et différents projets des équipes pédagogiques. A cela s’ajoutent les différentes évaluations des autres disciplines dans le cadre de la réforme du bac notamment les enseignements de spécialité ou les bacs blancs. L’enseignant est soumis à à ces injonctions paradoxales qui entrainent discontinuité et temps d’apprentissage insuffisant pour permettre de réels progrès, source de motivation et d’engagement des élèves.
Comment nos élèves abordent notre discipline ?
Les élèves de bac général et technologique STAV (Sciences et technique de l’agronomie et du vivant) participent aux cours d’EPS avec envie et dynamisme et sont souvent des forces vives de l’association sportive. Nos élèves des filières pro sont un peu plus éloignés de cette logique. Le rapport à l’effort, l’accès au sport fédéral, la pratique physique se sont considérablement dégradés. La pratique des APSA a pour objectif de développer des capacités motrices, d’apprendre à mieux gérer leur vie physique d’adulte et d’acquérir une culture physique et sportive. Cependant dans un temps de pratique restreint, il est difficile de mener à bien l’objectif de développement des aptitudes motrices et la maitrise des rôles sociaux tels que nous le recommandent les programmes via les AFL 2 et 3. Les rôles sociaux ne prennent-ils trop d’importance au détriment de la motricité ? Ceci nous interroge d’autant plus que nous observons sur le terrain de moindres capacités de nos élèves dans la gestion de l’effort.
Une partie de nos élèves vit en milieu rural où l’offre et l’accès aux associations sportives locales sont plus complexes; le temps d’EPS est aussi une ouverture culturelle et une occasion de pratiquer de nouvelles APSA. Les programmes nous incitent à proposer le champs d’apprentissage N°2 regroupant les APPN : c’est l’occasion de découvrir par l’escalade, le VTT, la course d’orientation quand l’organisation pédagogique et les lieux de pratique le permettent.
Au-delà de l’horaire réglementaire, notre discipline propose des options (versant performance ou santé) et des sections sportives. Ces dernières en partenariat avec les fédérations sportives sont dans l’obligation de mettre en place une bi-qualification. Elle permet aux élèves d’acquérir une maitrise sportive et une qualification d’encadrement en validant des brevets sportifs fédéraux. Enfin les A.S. de l’enseignement agricole sont réputées pour leur implication dans les projets départementaux UNSS et leur dynamisme sur le nombre de licenciés. Au sein de l’établissement, elles jouent un rôle social permettant aux élèves internes une pratique sportive complémentaire durant les temps libres notamment en soirée