L’EPS de demain ? Contribution du Comité national olympique et sportif français

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Contribution signée Brigitte HENRIQUES, Présidente du Comité national olympique et sportif français.

Dans le cadre de l’Héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, il est fondamental d’intensifier l’acquisition de la culture sportive dans notre pays, et ce dès le plus jeune âge. C’est pourquoi il me semble nécessaire de dispenser à l’avenir davantage d’éducation physique et sportive dès l’école primaire, au collège comme au lycée, sans oublier l’Université.
Nous le savons, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande de pratiquer quotidiennement une heure d’éducation physique et sportive, afin de lutter contre la sédentarité. Je rappelle aussi qu’une étude, relayée entre autres par la Fédération Française de Cardiologie, a révélé que sur la tranche d’âge de 7 à 17 ans, nos jeunes ont perdu 25 % de leurs capacités physiques et sportives en 40 ans. Et nous notons parallèlement une augmentation considérable du développement de l’obésité sur la catégorie d’âge 6 à 7 ans.

Sur la tranche d’âge de 7 à 17 ans, nos jeunes ont perdu 25 % de leurs capacités physiques et sportives en 40 ans.

À la lumière de ces chiffres et constats particulièrement inquiétants, il est, à mon sens, nécessaire de créer une habitude de l’activité physique dès le plus jeune âge, afin de permettre aux enfants d’assimiler et de comprendre très vite le bien-être qu’ils peuvent ressentir dans la pratique, dès qu’ils bougent, dès qu’ils sont en mouvement.
En ma qualité de professeure agrégée d’EPS, j’ai pu également constater les bienfaits de l’activité physique et sportive et le levier que celle-ci constitue, dans le sens où elle offre d’apprendre à apprendre. D’ailleurs, nous constatons que les élèves ne se comportent pas de la même manière lorsqu’ils sont en cours d’éducation physique et sportive, que cela soit dans leur rapport au corps comme dans leur rapport à l’apprentissage. Pour toutes ces raisons, il est nécessaire d’augmenter, voire de doubler, le temps de pratique d’activités physiques et sportives au collège comme au lycée.

Acquérir ce goût de l’effort et du dépassement de soi, constitue un véritable acquis de compétences que l’on peut par la suite réinvestir en toutes situations

Je demeure également convaincue qu’acquérir ce goût de l’effort et du dépassement de soi, constitue un véritable acquis de compétences que l’on peut par la suite réinvestir en toutes situations, dans le monde du travail, dans la poursuite de ses études, comme dans sa vie personnelle.
Lorsqu’il faut faire face aux épreuves que nous réserve parfois la vie, notamment la maladie, je pense qu’il n’y a pas mieux que le sport, si la convalescence le permet, pour associer le dépassement de soi et la sensation de bien-être. Quand on dépasse ses limites, lorsqu’on consent un effort important, nous sécrétons des endorphines, hormones du bien-être et du plaisir. Il est donc bénéfique d’acquérir les sensations propres à la pratique de l’activité physique, dès le plus jeune âge, puis de les entretenir durant le parcours scolaire.
Par ailleurs, le fait d’augmenter ce temps de pratique effective dès le plus jeune âge, pour inciter au dépassement de soi et à l’effort, permettra de créer un lien naturel, une passerelle, entre l’école, le collège, le lycée et le club de sport. Le club qui, je le rappelle, est aujourd’hui, en France, le troisième lieu d’éducation après la famille et l’école.

La pratique sportive (…) offre aussi de développer un sentiment d’appartenance à un groupe, à un lieu où l’on acquiert et exprime des valeurs de solidarité dans l’effort, de fraternité, d’engagement et d’esprit d’équipe. L’acquisition de ses valeurs par le sport contribue à rendre notre société meilleure.

Ainsi, au-delà du bien fait physique que procure la pratique sportive, lorsque celle-ci est réalisée dans le cadre d’un club, elle offre aussi de développer un sentiment d’appartenance à un groupe, à un lieu où l’on acquiert et exprime des valeurs de solidarité dans l’effort, de fraternité, d’engagement et d’esprit d’équipe. Ces valeurs constituent indiscutablement des compétences que l’on pourra, par la suite, exprimer ailleurs et en toutes situations. L’acquisition de ses valeurs par le sport contribue également à rendre notre société meilleure.
Enfin, je n’oublie pas l’Université. Le mouvement sportif français déplore de perdre chaque année 13 % de ses licencié(e)s lorsque ceux-ci intègrent les facultés et les parcours de grandes écoles. C’est pourquoi parmi les 20 propositions qui composent la Contribution du Comité National Olympique et Sportif Français pour l’élection à la Présidence de la République en 2022 (document consultable en ligne sur www.franceolympique.com), nous avons proposé que l’éducation physique et sportive devienne obligatoire dans la validation des cursus de formation à l’Université !
Ainsi, cela permettra aux étudiants, à travers cette pratique assidue et pédagogique, de continuer à consolider des acquis qui leur seront utiles plus tard, et de demeurer en bonne santé tout au long de leur vie et leur parcours professionnel.

Il est essentiel que notre pays devienne une nation sportive et que le sport s’inscrive comme un véritable mode de vie. Je crois profondément que l’activité physique et sportive représente un levier pour apprendre à apprendre, ainsi qu’un authentique atout pour notre Nation.
Enfin, ne négligeons pas que du point de vue des parents, ce qui est enseigné à l’Ecole acquiert généralement une légitimité et une forte crédibilité. A ce titre, nous pouvons donc, ensemble, aller beaucoup plus loin pour le bien-être de tous

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