Contribution signée Jacqueline Marsenach, Centre EPS et Société
Une conception de l’EPS.
D’après R.Mérand entre 1942 et 45 se situe « le début du processus de sportivisation de l’EP » à travers les notes techniques de l’ENEPS, puis, en 1950, la revue EPS et surtout, en 1965, d’un stage de formateurs, visant la rédaction de nouvelles instructions officielles. L’organisation de l’EPS en cycles est alors née, centrée sur une activité sportive, l’organisation des classes en deux clubs avec un calendrier alternant séances d’entraînement et de compétition.
Mais un changement de plan est proposé qui consiste à passer de l’apprentissage des techniques spécifiques à chacun des sports enseignés au fonctionnement des pratiquants eux-mêmes , à une prise de conscience de ce fonctionnement et à des tentatives volontaires pour le transformer.
Cette posture , selon R.Mérand, s’enracine dans la tradition de l’éducation physique française portée par Demeny : l’EP est établie « sur la connaissance des effets du mouvement en vue du perfectionnement humain ». Ce stage, avance « une théorie de l’exercice ».
Cette approche a été submergée par les débats, souvent violents, entre les tenants du sport et ses opposants. Cette querelle a occulté l’opposition de fond entre « les laudateurs du sport à l’école conçue
selon le modèle culturel anglo-saxon et les tenants de l’éducation physique désireux d’actualiser, dans le sport le modèle de l’école française ».
Cette problématique s’est affinée au fil des ans.
La fonction fondamentale de l’école est de favoriser le progrès et le développement de la personnalité de chacun par l’appropriation d’objets culturels offerts par la société. Cette option débouche sur une définition, provisoire et personnelle, de l’EPS : l’EPS confronte les élèves à l’appropriation des techniques des APSA pour accroître leur efficacité ; elle leur permet aussi de se transformer , de prendre conscience et de comprendre le processus de transformation.
C’est un changement de plan que Wallon caractérise comme un passage du réel au vrai. Ce n’est qu’à ce prix que le sport « devient un moyen, parmi d’autres que l’homme a su créer pour que tous les hommes perçoivent la possibilité pratique de prendre le chemin d’un développement illimité.
Pour comprendre cette réalité nous avons donc engagé un travail d’analyse de la pratique professionnelle dans son quotidien.
Parmi d’autres, retenons trois tendances ?
Les pratiques d’enseignement sont perméables, aux évolutions de la société : des activités périclitent, d’autres se développent dont les activités d’amélioration du potentiel physique.
Certains enjeux sociaux (paix, la cohésion sociale) tendent à subordonner l’EPS aux « éducations à… ».
Et, c’est un vrai problème, que l’enseignement semble organisé pour que les élèves réussissent le plus vite possible . La recherche de cette réussite immédiate a pour conséquence la dénaturation de l’activité pratiquée avec le « gommage » des difficultés. Ex : en VB : renvois après un blocage de balle, ou une reprise après un rebond etc. Cette stratégie aboutit à un jeu qui plait sûrement aux élèves, qui a les apparences du VB mais qui ne les confronte pas aux exigences du VB. Je défends l’idée que ce sont les APSA les moins naturelles, celles dont la réussite impose des réorganisations profondes de ce que l’on fait habituellement et spontanément, qui devraient constituer la matière de l’EP . Ce critère de complexité et de difficulté devrait donc être le premier critère mobilisé dans le choix d’un programme d’établissement.
La singularité des pratiques de l’EPS .
Elles sollicitent un apprentissage par l’action, apprentissage tributaire de la façon d’apprécier les réalisations des élèves mais aussi du modèle auquel on veut les faire accéder.
Les contraintes fortes de temps d’enseignement font choisir des objets qui vont poser aux élèves des problèmes fondamentaux remettant en question leurs façons de faire habituelles. Choisir ces objets et en faire les objets centraux des cycles d’enseignement ne signifie pas que les élèves ne vont être confrontés qu’à cela mais ceux là feront l’objet d’apprentissages approfondis, les autres étant laissés à des apprentissages spontanés et incidents.
Mettre rapidement les élèves en action
Mettre rapidement les élèves en action est une règle incontournable qui impose de bien connaître le dispositif de départ (ce qu’ils savent faire et les exigences attendues) et de savoir interpréter les conduites acquises, apprécier leurs transformations.
Ce dispositif est inséparable des connaissances dont on dispose sur l’APSA.
Cela appelle de nouvelles formations des enseignants et d’axes de recherche : appropriation des productions techniques et formations aux repérages des conduites des élèves, recherche technologique car son opérationnalité, au contact de la pratique, est aussi le cœur de notre action.
La quête est bien celle d’une EPS influente ; elle se veut une orientation pour inciter chacun à élucider ses propres actions et ses propres options pour finalement penser l’EPS d’aujourd’hui et de de main