Questions de recherche pour l’avenir de l’EPS

Temps de lecture : 4 mn.

Contribution signée Claire Debars, Claire Pontais, Centre EPS et Société

Le Centre EPS & Société a toujours pensé que la recherche devait jouer un rôle important, d’une part pour mieux comprendre les phénomènes et d’autre part pour nourrir la formation des enseignant∙es pensée comme une émancipation individuelle et collective.

Le Centre EPS & Société a invité des chercheur·es de différents courants de recherche. L’équipe de recherche sur « Femmes et Staps », et quatre chercheur·es en didactique ont répondu à l’invitation.

Recherche Femmes et Staps

La recherche sur l’orientation en STAPS, pilotée par Cécile Ottogalli (Université de Lyon) et Mary Schirrer (Université de Strasbourg) a porté sur un échantillon représentatif de lycéens et lycéennes. Il s’agissait de comprendre pourquoi les filles ne sont que 25 à 30% à s’orienter en Staps.

Pourquoi les filles ne sont que 25 à 30% à s’orienter en Staps ?

La recherche a mis en évidence plusieurs facteurs : la majorité des filles ne se projettent pas dans les métiers du sport, elles se sous-estiment en tant que sportives et elles sont plus découragées que les garçons à aller en Staps. Ces résultats nous interpellent en tant qu’enseignant·es d’EPS : pourquoi les filles se dévalorisent-elles ? Quels sont les obstacles à l’égalité ? Pourquoi a-t-on du mal à sortir des fausses solutions (activités « de filles », ne pas faire de compétition, moindres exigences, etc).

Il va être l’heure de répondre à ces questions !

Recherches en didactique

Quatre chercheur·es ont exposé leurs travaux : Bruno Lebouvier 1, INSPE de Nantes, Maël Le Paven2, Université de Brest, Ingrid Verscheure3, Université de Toulouse et Gilles Ulrich4, Université Paris Saclay.

Ces quatre maitres de conférences travaillent dans des laboratoires différents, mais avec des visées similaires. Leurs recherches portent sur la relation entre enseignement et apprentissage, avec un fort ancrage culturel. Elle et ils considèrent les savoirs comme des puissances d’agir par et sur son corps, et s’intéressent aux interactions entre enseignant·e et élèves autour des savoirs en jeu dans les situations d’apprentissage. Les recherches montrent que proposer des savoirs pertinents dans les situations d’apprentissage est aussi déterminants que les régulations et des échanges in situ : un·e enseignant·e d’EPS qui planifie des situations d’apprentissage robustes mais qui ne régule pas in situ peinera à faire progresser ses élèves. De même pour un·e enseignant·e qui fait face aux imprévus, mais qui n’a pas proposé une situation d’apprentissage offrant aux élèves de réelles opportunités d’apprentissages.
Tou·tes font le choix d’une démarche collaborative qui consiste en une co-construction des savoirs chercheur/enseignant, ensuite les collègues d’EPS mettent en œuvre les séances puis il y a une co-analyse selon diverses méthodologies (l’observation vidéo telle que réalisée en classe, vidéos, entretiens, etc). Il y a donc des liens étroits entre formation des enseignant·es et recherche.

Chaque chercheur·e, mobilise des concepts différents tout en partageant des arrière-plans communs.
Maël Le Paven se centre sur la construction de l’engagement des élèves dans l’action conjointe en EPS. Pour lui, il s’agit de créer les conditions d’une quête d’accomplissement dans et par la pratique. Il s’intéresse plus particulièrement aux raisons d’agir des élèves et à l’agir ensemble pour réussir selon des intentions communes.
Bruno Lebouvier se centre sur les apprentissages par problématisation. Il travaille avec les enseignant·es sur la construction de techniques d’intervention didactique. Ils cherchent ensemble à élucider les conditions qui font que les apprentissages des élèves sont possibles et à co-analyser « ce qui fait que ça marche ».
Ingrid Verscheure s’intéresse aux inégalités d’apprentissage filles-garçons en EPS, en s’intéressant aux contenus et aux régulations qui accompagnent l’étude des élèves. Elle insiste sur la nécessité de confronter les élèves à des savoirs pertinents, en offrant différentes alternatives possibles pour les élèves, filles et garçons, dans une même tâche ; et conclue que du fait des contextes singuliers, il n’y a pas de solutions toutes prêtes.
Gilles Uhlrich s’intéresse au développement du registre de technicité de lecture du jeu de rugby par des fonctionnaires stagiaires et entraineur·es dans des recherches en technologie des PPSA, en expliquant l’utilisation des instruments dans les dispositifs d’apprentissage.
Nous pourrons accentuer ces pistes et des poursuites possibles à partir de recherches collaboratives…

  1. Lebouvier, B. & Ouitre, F. Problématiser les pratiques professionnelles pour les transformer. In Problématiser les situations professionnelles. L’Harmattan, 2020.
  2. Le Paven, M., Louis, F. & Jambois, N. La coopération comme enjeu et objet d’éducation et de formation dans l’action conjointe. Les Assises de la Recherche, Rennes, 2020.
  3. Verscheure, I. & Barale, C. (2020). Vers une « égalité sans condition » en EPS : le cas d’une recherche collaborative pilotée par le changement des pratiques d’enseignement du cirque au cours préparatoire. Revue GEF
  4. Uhlrich, G & Éloi, S. (2016). Formation à l’observation de futurs intervenants éducatifs en rugby : quelles conséquences pour leur conception du jeu ? Revue des sciences de l’éducation, 42/2.

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