Au lycée Pierre Forest de Maubeuge, le choix du VTT a une valeur politique majeure.

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Développer l’activité VTT dès 1998 pour les classes de BAC pro et CAP est le fil rouge qui conduit aujourd’hui Marc Boulogne et Bertrand Déhanchez à témoigner de cette expérience. Une surface de 90 000m² intra-muros constituée de dénivelés, de surfaces dures et herbeuses, d’obstacles types escaliers plats est disponible. 

A l’initiative de l’équipe d’EPS, un projet innovant sort de terre : proposer dans le cadre des cours d’EPS, l’enseignement du VTT pour un public mixte éloigné de ces formes de pratique. Grâce à l’engouement que suscite cette nouvelle APSA mais grâce aussi l’expertise accumulée par les enseignants d’EPS, le lycée obtient l’ouverture d’une option EPS VTT. Son prolongement au sein de l’AS devient évident et de nombreuses participations au championnat de France UNSS témoignent de cet enthousiasme jamais démenti. En 2022 le championnat de France UNSS s’est déroulé près de Maubeuge. De nombreux·ses élèves du lycée participent activement à son organisation.  

Ce projet est interrogé régulièrement. Quels circuits pour quels usages ? Quel espace de stockage pour un usage optimisé ? Quel matériel à mettre à la disposition des élèves ? 

Des points de rupture apparaissent en 2001 puis 2009 conduisant enfin au projet aujourd’hui présenté, soit 3 formes de pratique : Bike and Run pour les classes de 2ndes Lycée et LP, garçons et filles, V.T.T. optionnel pour les 3 niveaux du Lycée (2ndes à Terminales) et V.T.T. en AS/UNSS.

3 espaces d’évolution de nature différente sont aménagés 

Leur localisation au sein de l’établissement scolaire permet d’optimiser le temps d’apprentissage et facilite la gestion de la sécurité.

  • Un grand espace clos avec un traçage permanent au sol (et la possibilité d’installer quelques modules) à proximité immédiate du local VTT, plat en macadam bordés par des pentes douces herbeuses et arborées qui permet à l’enseignant d’y proposer des exercices d’échauffement ou des exercices techniques qui correspondent à des compétences de type savoir rouler ou de trial VTT (ce qui permet aussi d’enseigner cette activité dans des conditions acceptables pour les élèves lorsque la météo est très mauvaise).
  • Un espace clos, propre, plutôt plat de type pâture de 6000 m2 avec quelques aménagements de type talus, virages relevés, rondins à franchir ou encore marche légère qui permet d’entrer réellement dans l’activité VTT cross-country mais aussi de débuter les cycles sur une grande surface herbeuse rassurante et peu dangereuse (ce que l’on pourrait nommer un “stade de VTT” avec plusieurs espaces identifiables par les élèves (espace d’attente, échauffement, tâche à réaliser etc…). Ce « stade VTT » aurait une dimension minimale de 80m x 50m (4000m²) correspondant approximativement aux anciens plateaux entourés d’une piste de 250m d’athlétisme et sont souvent des espaces disponibles dans les établissements scolaires.
  • Enfin, un espace global, riche et varié correspondant à la totalité de notre lycée construit sur plusieurs niveaux est utilisé pour proposer intra-muros un circuit VTT cross-country de 2 kms environ qui serait validé par beaucoup d’organisations fédérales.

Le local V.T.T, un espace indispensable pour un rangement soigné et pour l’entretien des VTT

  • Le local de rangement peut accueillir 30 à 40 VTT-Vélos. Il est suffisamment spacieux pour permettre une circulation des élèves lors de la prise en charge et le rangement du matériel.
  • Privilégier des râteliers de rangement au sol aux vélos suspendus, pour tenir compte de la morphologie et de la force des élèves
  • Deux grandes portes « entrée et sortie » de 2 à 3m de large sur 2m50 de haut
  • Une partie rangement de matériels avec étagères et coffre pour les outils et les casques. Un atelier de réparation facilement accessible (établi de 3m de long) complète l’intérieur du local.
  • Une alimentation en eau proche des portes, avec une nourrice multi-sorties d’eau pour permettre le nettoyage simultané de plusieurs vélos/VTT.
  • 2 prises électriques. 

La surface totale du local est de 33m² : 9m50 de long x 3m50 de large sur une hauteur plafond de 3m.


Vous êtes enseignant·e·s d’EPS et souhaitez partager vos pratiques avec les collègues ?
L’enjeu est d’importance car qui est porteur de la réalité de l’EPS si ce ne sont les enseignant·e·s d’EPS ? Où peut-on trouver la réalité de l’EPS si ce n’est dans les séances d’EPS ?
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Le matériel mis à la disposition des élèves.

Dans l’absolu, comme dans d’autres domaines où les évolutions technologiques sont rapides et rendent obsolètes l’investissement, il faut tenter de renouveler souvent. Il est inutile d’acheter de nombreux vélos d’un coup (sauf la première année où une trentaine de vélos sont indispensables pour démarrer l’activité) « Mieux vaut 10 vélos tous les deux ans. De manière générale, le matériel doit être robuste pour durer.

Actuellement les VTT que nous utilisons sont vieux : 26 pouces en semi-rigides avec une suspension à l’avant et un panaché de vélos avec freins V-Brake patins et disques en fonction de l’évolution technologique. L’expertise accrue de certain·es élèves nous conduit à commander des VTT avec freins hydrauliques plus à même de répondre à des exigences tout terrain (y compris terrain gras). Une commande est arrivée en 2022 avec une conception de freins très différente. 

Passer de vélos standards polyvalents et plus accessibles financièrement vers des VTT plus spécialisés est également un de nos objectifs. 

Quel que soient les VTT choisis, il est important de prévoir des vélos de tailles différentes pour qu’ils soient adaptés aux différentes morphologies (filles – garçons) et de couleurs différentes pour l’aspect pédagogique, la couleur déterminant l’usage.

Favoriser l’entretien du matériel par les élèves.

Entretenir son VTT fait partie des savoirs fondamentaux dévolus aux élèves. Comme pour toutes les activités, les élèves doivent être mobilisés sur la réalité du matériel utilisé. L’entretien, les vérifications sécuritaires des vélos font partie des apprentissages indispensables. Cette prise de conscience est nécessaire pour devenir autonome. Ainsi le plaisir d’apprendre et de s’épanouir en roulant sur des parcours diversifiés est réel. Notre ambition d’enseignant n’est-elle pas de donner goût et envie de pratiquer au-delà de l’école !           

Cependant concernant les réparations lourdes, la mécanique et la casse occasionnelle des vélos, il est préférable de passer un contrat d’entretien et de réparations avec un spécialiste agréé. Nous avons des contrats prévus dans le budget de l’établissement. Les constats semestriels sont prévus.

Une analyse politique portée depuis 20 ans par l’équipe EPS.

Les enjeux sociaux, environnementaux et santé ne cessent d’alimenter les réflexions des enseignants d’EPS du lycée P. Forest de Maubeuge. A ce titre, l’équipe ne désespère pas que cette pratique du vélo/VTT puisse modifier les habitus. 

A l’heure du tout électrique (trottinette…) et où les adolescents passent près de 3h en moyenne devant leurs écrans la pratique régulière du vélo y compris pour se rendre de chez eux à leur établissement doit devenir automatique. (lire également l’article « Savoir rouler, un vrai pouvoir nouveau ? »)

A l’heure où la pratique du vélo chez les élèves issues des quartiers populaires et des milieux ruraux diminue, l’école doit jouer sa carte, celle de l’effort associé au plaisir. Le matériel et les équipements sportifs mis à leur disposition doivent être pensés en ce sens.

A l’heure où est interrogé le devenir de notre planète, l’école doit favoriser une conscience écologique. La pratique du vélo/VTT est une APSA de plein air à faible empreinte carbone.

Conclusion

Si les enseignants d’EPS du lycée peuvent être considérés comme des précurseurs, ils ne peuvent pas tout. Des relais politiques, sociétaux doivent voir le jour. Leur enseignement s’inscrit dans cette direction.

Alors que le savoir rouler à vélo, priorité du plan vélo national est classé dans la catégorie des savoirs fondamentaux depuis 2018, l’aménagement des pistes cyclables sur le secteur de Maubeuge tarde à venir. Ce réseau rassurerait les parents réticents à voir partir leurs enfants à vélo alors même qu’objectivement la sécurité routière s’est améliorée.

Par ailleurs, rien n’est fait pour favoriser le stockage et le rangement des vélos sur les lieux de vie des élèves issus des milieux défavorisés vivant dans les tours proches du lycée.

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