Annie Leclerc, , Éditions Actes Sud
Je ne peux résister au plaisir de vous faire partager ce petit bijou de mise en émoi en parcourant ce poétique plaidoyer pour la nage.
Et pourtant les choses avaient mal commencé pour notre philosophe : jetée dans le grand bain par un maitre-nageur (qualifié de « traître majeur ») pour lui apprendre- à nager, ce sera d’abord l’étang, puis la mer, élément hostile à surmonter, mais aussi le temps « de toutes les tempêtes » où l’exaltation domine. Pendant tout ce temps pourtant, aucun rapport avec un quelconque besoin de nager.
Finalement c’est un retour improbable à la piscine tant décriée pour son odeur de javel mais à qui elle attribue la propreté des draps blancs rincés au lavoir. Mais foin de l’odeur c’est pour nager qu’elle est là et commence alors l’évocation d’une onctueuse jouissance : l’eau ! pour en conclure : « ce n’est pas à faire mais à défaire que l’eau invite ». D’abord la brasse, puis le crawl et le dos crawlé… J’en resterais là sinon pour préciser, comme si cela ne suffisait pas, que d’elle, elle ne peut plus se passer au point de trouver l’écriture trop pesante !
Que de douceur dans le contexte actuel.
JP. Lepoix