Contribution signée Alain Becker, Centre EPS et Société
L’EPS, discipline d’enseignement vise l’accès pratique aux valeurs de l’Ecole de la République : liberté, égalité fraternité. Par cela elle contribue à l’éducation d’un citoyen éclairé, autonome et
corporellement cultivé.
Liberté d’agir physiquement, d’explorer des pouvoirs corporels nouveaux, de dépasser sa motricité quotidienne, de s’émanciper des préjugés sociaux, culturels, de genre qui entravent l’épanouissement des individus.
Egalité éprouvée, par l’accès de chacun·e à toutes les APSA, la confrontation à leur complexité, leurs valeurs, leurs imaginaires et leurs émotions, par le droit de chaque élève, par principe éducable, de se préparer à une performance scolaire culturellement et socialement significative.
Fraternité, solidarité vécues aux travers des rapports humains propres « aux pratiques sociales » que sont les APSA, qu’il s’agisse, d’adversité ou d’entraide. Empathie qui fait de chacun·e dans le jeu, l’épreuve, la compétition, aussi dans l’exploit, la victoire, la défaite, un autre soi-même à découvrir, valoriser et respecter.
Discipline scolaire « à part entière », « entièrement à part »
L’EPS est un « art du faire », une «technologie culturelle» à forte composante motrice. Elle a pour but premier, par l’action, la réflexion, la transformation physique de soi par soi.
C’est le temps d’une activité physique dense, maitrisée et contrôlée. A ce titre elle contribue à la qualité du temps et de la vie scolaires. C’est un élément majeur des rythmes scolaires.
Une discipline de la joie, qu’il s’agisse du plaisir du corps agissant dans son environnement physique, du mouvement et ou de l’action justes et efficaces.
Elle suscite l’engagement global des élèves dans leurs apprentissages, un esprit de responsabilité, la capacité à décider, une prise de risque et sa maitrise.
On y apprend, bien que confronté à soi-même, qu’avec et grâce aux autres.
Une démarche, des contenus, des objectifs
Par l’étude, l’appropriation critiques de savoirs essentiels propres à chaque APSA, voire communs à plusieurs d’entre elles, la sollicitation, l’optimisation de capacités, l’EPS vise un triple objectif :
- Pour chaque élève un développement culturel exigeant, tant
- physique, psychique que social.
- Une préparation à une vie active et saine, à une entrée lucide et responsable dans le monde du loisir physique, sportif, artistique sous toutes ses formes.
- La diffusion dans la société de la culture physique, sportive et artistique, du patrimoine vivant qu’elle constitue, comme mode de démocratisation de celui-ci
Les savoirs en EPS
Les savoirs principaux sont des techniques « corporelles » propres au but, à la signification sociale et culturelle de chaque APSA. Elles découlent du cadre réglementaire et ou symbolique de chacune d’elle, comme système articulant contraintes et ressources, de ses évolutions.
Ces techniques, comme savoirs accumulés, correspondent aussi à des motifs d’agir qui trouvent leurs origines dans les sociétés, leurs mythes, leur histoire, leurs contradictions, dans l’activité créatrice humaine propre à ce champ, sa dynamique sociale.
L’entrainement comme méthode pour apprendre
L’activité technique attendue en EPS suppose la connaissance et la maitrise des processus en jeu dans les transformations visées, l’acquisition de postures, d’ attitudes, propres aux problèmes posés par l’APSA étudiée. Chaque élève faisant alors, progressivement, de l’entrainement avec ses partenaires, une méthode pour apprendre. Il s’agit tant de réflexions, d’échanges, d’actions à propos de la
meilleure façon de faire pour réussir que de manières d’élucider les échecs.
L’entrainement est aussi favorable à l’acquisition de savoirs sur le corps et son fonctionnement durant la pratique; comme il est le moment privilégié de centration sur les sensations et les ressentis.
Les compétences
Les compétences de l’élève correspondent à l’état d’appropriation et d’usage d’un ensemble de moyens, notamment techniques, observables dans des situations à forte résonnance culturelle.
EPS : Quelle organisation?
Un «projet culturel et social» disciplinaire fondé sur une cohérence finalités, contenus et conditions de mise en œuvre
4 principes articulés.
Unité : un cadre national fixe les exigences (horaires, programmes, évaluation, certification, installations ) et garantit l’égalité de principe de l’EPS sur le territoire national. Chaque établissement au regard de ses conditions, d’enseignement, ses compétences, de son environnement, de ses besoins, décline un projet et un plan local de développement de l’EPS et du sport scolaire. Des synergies, des continuités collèges/lycées/LP y sont réfléchies et organisées.
Quantité : au-delà de l’urgence d’une augmentation radicale des horaires d’EPS (sédentarité) se pose la question des durées d’apprentissage (stages massés, réduction de la polyvalence, approfondissement…) afin de rompre avec de « l’éternel débutant » en EPS
Intensité : sollicitation et transformation des capacités sont ici en jeu. Comme l’est encore la qualité de la performance et des compétences attendues.
Qualité : le choix des APSA, celui explicite des savoirs dans chaque APSA, de leur évaluation, sont constitutifs des programmes nationaux relevant du MEN. Une instance démocratique permanente, observatoire de la discipline, de l’évolution des pratiques sociales, des besoins de la jeunesse, fait des propositions de contenus, établit des normes d’installations sportives